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RIM, un BlackBerry 10 pour convaincre

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Le fabricant canadien joue gros mercredi avec son BlackBerry 10, la nouvelle génération de téléphones qui doit sceller son avenir.

Après plusieurs reports, deux ans de retard sur les prévisions initiales et une chute boursière vertigineuse, Research in Motion (RIM) dévoile enfin son BlackBerry 10, mercredi. Une présentation à enjeux puisque cette nouvelle génération de téléphones doit sceller l'avenir de RIM. Explications.

>> Blackberry 10 sera-t-il suffisant pour sauver RIM ?

Une nouvelle équipe dirigeante sur le gril

Un duo européen aux manettes. Un an après le départ de ses deux fondateurs et codirigeants historiques -Jim Balsillie et Mike Lazaridis- ce sera l'épreuve de vérité pour le PDG allemand Thorsten Heins et le Français Frank Boulben, directeur du marketing.

Les deux hommes seront aux manettes du grand lancement new-yorkais, retransmis simultanément à Toronto, Londres, Paris, Johannesburg et Dubaï à partir de 16h (heure française).

"Nous avons pris le temps de construire une plateforme fiable pour les dix prochaines années", a assuré Thorsten Heins au journal Die Welt.

Des années de retard à rattraper

L'ancien leader devenu outsider. Il faut dire que pour BlackBerry 10, RIM a cumulé plus de deux ans de retard sur les prévisions. Et un grouffre semble aujourdhui séparer l'ancier smartphone "des décideurs" de la planète des nouveaux leaders Apple et Samsung.

Ce retard a coûté cher à l'entreprise du sud de Toronto: sa part de marché a glissé à 6% en 2012, selon le cabinet IDC, loin derrière Samsung, leader des smartphones avec 39,6%, et Apple qui détient un quart du marché.

Au faîte de sa puissance, en 2008, le titre RIM valait 144 dollars. Mardi, il a clôturé à 15,66 dollars. Soit un titre à la valeur quasiment divisée par 10.

Trouver l'équilibre entre tradition et innovation

Clavier physique et multitâche. D'ores et déjà, certains détails sur les futurs téléphones sont connus. Le clavier physique, qui faisait la force des BlackBerry, est conservé. Les clients pourront cependant choisir certains modèles équipés d'un clavier tactile.

Le nouveau système d'exploitation doit permettre d'utiliser jusqu'à huit applications à la fois, ce qui est impossible avec l'iPhone. Il devrait en outre être possible de se servir des BlackBerry pour payer ses achats, via une carte Visa.

Reste la question des applications. Apple en propose plus de 700.000, soit 10 fois plus que ce qui est disponible sur BlackBerry World, le nouveau portail de RIM pour télécharger ces mini-logiciels, mais aussi -c'est une nouveauté-, des vidéos ou de la musique. Le Canadien a en effet fait valoir 70.000 applications pour le moment.

Et alors que les marchés bruissent de rumeurs de démembrement de la société ou d'alliances stratégiques, le PDG de RIM se veut patient: "Ce qui importe pour le moment, c'est de lancer BlackBerry 10 avec succès. On verra pour la suite", a-t-il dit à Die Welt.

Reconquérir les hommes d'affaires...

Restaurer la confiance perdue. Selon François Morin, RIM peut encore regagner le coeur des hommes d'affaires, car "ils ont toujours perçu l'iPhone comme un outil de divertissement".

Mais pour cela, BlackBerry doit restaurer la confiance, notamment après ses pannes géantes de 2011, et prouver qu'il est capable d'innover à nouveau. Le système Balance, qui permet de scinder vie privée et vie professionelle, saura-telle les convaincre ?

... et capter un nouveau marché

Mais avec encore 80 millions d'utilisateurs actifs, aucune dette, une popularité toujours forte en dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord, plusieurs analystes conseillent de ne pas enterrer le groupe trop tôt.

Très populaire en Asie, BlackBerry mise aussi sur les marchés émergents: "c'est une partie importante de sa stratégie", note Willy Shih, de l'Ecole de commerce de l'Université Harvard.

"La société peut tenir à ce rythme encore plusieurs années", estime ainsi Claire Booty, analyste du cabinet Ovum. "Mais la belle époque (de RIM) est révolue à jamais".