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Votre smartphone est aussi un détecteur de séismes

Les smartphones sont tous équipés d'un accéléromètre, qui détecte dans quelle position se trouve l’appareil, et pourrait trouver une nouvelle application dans la détection des séismes.

Les smartphones sont tous équipés d'un accéléromètre, qui détecte dans quelle position se trouve l’appareil, et pourrait trouver une nouvelle application dans la détection des séismes. - -

Des chercheurs de Berkeley, en Californie, tentent de mettre au point un système permettant de détecter les séismes grâce aux smartphones.

Beaucoup de Californiens vivent dans la peur du "Big One", un tremblement de terre titanesque qui réduirait Los Angeles en cendres, à l’image de celui qui s’était produit en 1906. C’est un fait, la ville est bâtie sur la faille sismique de San Andreas, et des séismes de forte amplitude s’y reproduisent périodiquement, à peu près tous les cent ans. Or, des chercheurs de Berkeley ont peut-être trouvé un moyen imparable de les voir venir: tout simplement en utilisant un réseau de smartphones.

Les smartphones sont tous équipés d’accéléromètres MEMS (micro electro-mechanical system), ce composant qui détecte dans quelle position se trouve l’appareil. C’est lui qui reconnaît le sens de la photo ou qui bascule l’affichage si vous mettez votre téléphone sur le côté. C’est aussi lui qui fait que, dans certains jeux de course, quand vous penchez votre téléphone, la voiture tourne.

Il se trouve que ces équipements peuvent détecter les changements de l’assiette du téléphone et ses mouvements de manière relativement précise.

Détecter les ondes primaires

Les chercheurs de l’université de Berkeley ont donc imaginé la mise en réseau de millions de téléphones et de tablettes. Reliés entre eux selon un maillage dense, ces téléphones pourraient ainsi enregistrer et reconnaître les secousses sismiques qui annoncent un tremblement de terre d’envergure. A condition qu'elle démontre son efficacité, une telle innovation pourrait faire avancer la prédictibilité des séismes, qui demeure un obstacle majeur pour la communauté scientifique.

Selon les chercheurs, si une “onde P” (primaire, annonçant un séisme) se déclenche à un moment précis, il se trouvera toujours dans le secteur un grand nombre de téléphones et de tablettes posés sur une table, par exemple, qui détecteront cette onde, la reconnaîtront et enverront une alerte au centre de prévention. Ces secousses primaires sont la raison pour laquelle les chiens sont pris de panique avant un tremblement de terre: ils sont capables de les ressentir.

Gagner de précieuses secondes

Une telle technologie ne permettrait pas d’évacuer une zone en danger, mais permettrait au moins de sauver un grand nombre de vies, grâce aux précieuses secondes ainsi gagnées pour se mettre à couvert. Les autorités pourraient aussi alerter à temps, par exemple, un chirurgien qui s’apprêtait à opérer un patient, ou encore les pilotes de ligne en phase d’atterrissage.

Aujourd'hui, la technologie des accéléromètres est fiable, c’est elle qui est à la base des airbags de voiture. Selon Antonino D'Alessandro et Giuseppe D'Anna, deux sismologues italiens qui ont mené des expériences, l'accéléromètre qui équipe les iPhone est suffisamment précis pour détecter les signes annonciateurs d'une secousse de magnitude 5 sur l’échelle de Richter.

Une fois constitué, ce réseau serait complémentaire de celui du Cal Tech (California Institute of Technology), qui abrite le Centre de prévention des séismes de Los Angeles, constitué, lui, de sismographes classiques.

Olivier Laffargue