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Comment le capteur d'empreintes d'un iPhone a trahi sa propriétaire

Le capteur d'empreintes digitales de l'iPhone.

Le capteur d'empreintes digitales de l'iPhone. - GEORGE FREY / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Une prévenue américaine a été forcée par la justice à poser son doigt sur le capteur Touch ID de son iPhone pour donner l’accès aux données qu’il contient. L'affaire a lancé un débat: authentifier le contenu de son smartphone équivaut-il à des aveux?

Vaut-il mieux donner son code ou déverrouiller son iPhone grâce à ses empreintes digitales? Le 25 février dernier, un mandat a obligé la petite amie d’un membre de gang à déverrouiller son smartphone grâce à ses empreintes, 45 minutes seulement après son arrestation. Interpellée par la police de Glendale, en Californie, Paytsar Bkhchadzhyan était soupçonnée d’avoir un lien avec une affaire touchant une organisation baptisée "Armenian Power".

Le cas est étonnant à plus d’un titre, comme le rapporte le Los Angeles Times. La rapidité avec laquelle la juge Alicia Rosenberg a accordé le mandat est rare. La magistrate avait peut-être en tête le fait qu’après 48 heures sans utilisation, le système Touch ID est inopérant et nécessite un code de déverrouillage.

Donner un code, c’est comme prononcer des aveux

L’affaire a en effet provoqué un débat entre experts de la justice américaine. L’idée centrale est de savoir si le déverrouillage d’un iPhone par son propriétaire peut remplacer un témoignage. "En montrant que vous déverrouillez votre iPhone, vous montrez aussi que vous en avez le contrôle", explique Susan Brenner, professeur de droit à l’université de Dayton.

Pour l’enseignante, c’est comme si Paytsar Bkhchadzhyan faisait des aveux sans même prononcer un mot. En déverrouillant l’iPhone grâce à ses empreintes digitales, elle en authentifie l’ensemble de son contenu. Un système qui irait à l’encontre de la protection permise par le 5e amendement de la Constitution américaine à propos de l’auto-accusation.

Un précédent avait abouti à un acquittement

Mais pour Albert Gidari, directeur du département Vie privée de l’école de droit de Stanford, poser son doigt sur un capteur n’a rien à voir avec des aveux. "Contrairement à la divulgation d’un mot de passe, vous n’êtes pas obligé de parler ou de dire ce qui est dans votre esprit", analyse-t-il.

En 2014, David Charles Baust, un homme accusé d’avoir essayé d’étrangler une femme dans sa chambre, avait été obligé de fournir son empreinte digitale pour déverrouiller son téléphone. La justice de l’Etat de Virginie avait estimé que son empreinte était semblable à une clé nécessaire à l’ouverture d’une porte. Si on lui avait demandé un code, cela relevait d’un savoir détenu par le prévenu et était équivalent à des aveux. Au final, Baust avait été acquitté.