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Cybersécurité

Russie: bientôt des portes dérobées dans toutes les messageries instantanées?

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Un projet de loi veut obliger les éditeurs à créer des accès pour les services de renseignement russes. Le cas échéant, ils seraient soumis à des amendes.

La polémique sur les portes dérobées dans les logiciels de communication rebondit, cette fois, en Russie. Selon The Daily Dot, des députés de la Douma ont déposé un projet de loi qui obligerait tous les fournisseurs d'applications de messagerie à aménager un accès spécial pour les agents secrets du FSB pour qu'ils puissent accéder aux données échangées. Ce serait le cas, en particulier, pour la messagerie WhatsApp qui est chiffrée de bout en bout et qui est l'appli de messagerie la plus utilisée dans l'empire de Poutine, selon le cabinet d'études App Annie.

L'un des objectifs de cette loi est de permettre aux forces de l'ordre d'espionner les groupes de discussion fermés où "des adolescents subissent un lavage de cerveau" et sont incités "à tuer des policiers", comme explique la sénatrice Yelena Mizulina, qui soutient ce projet. Les entreprises qui ne s'y plieraient pas seraient sanctionnées d'une amende pouvant aller jusqu'à 1 million de roubles, soit environ 13.700 euros.

Evidemment, il est peu probable qu'un géant tel que WhatsApp se plie à une telle exigence. La seule solution serait alors de ne plus proposer son application en Russie. Evidemment, les utilisateurs russes pourraient toujours télécharger l'application ailleurs que sur un magasin applicatif officiel, mais ils pourraient alors se retrouver hors la loi.

Aux Etats-Unis, le débat se poursuit

Pour autant, il n'y a pas qu'en Russie que l'on aimerait généraliser les portes dérobées. Aux Etats-Unis, le débat est loin d'être clos. En mars dernier, Barack Obama avait estimé qu'il fallait faire des concessions sur la vie privée et permettre aux forces de l'ordre de contourner la sécurité des appareils et des services. Très récemment, John Brennan, directeur de la CIA, est lui aussi revenu à la charge, comme le rapporte The Register.

Selon lui, les terroristes utilisent les communications chiffrées pour organiser leurs opérations. Les portes dérobées dans les applis seraient, par conséquent, nécessaires.

Interpellé par des sénateurs sur l'impact économique d'une telle mesure, le patron de la CIA a répondu qu'il ne fallait pas s'en soucier. Ceux qui ne souhaiteraient plus utiliser les technologies américaines en raison de la présence de portes dérobées n'auraient, de toute façon, pas le choix. Selon lui, les Américains dominent le marché numérique international et les solutions non-américaines sont "théoriques". Une position légèrement présomptueuse. Telegram, par exemple, n'est pas une technologie américaine. Cette application dispose d'un bon niveau de chiffrement et rencontre beaucoup de succès. Il y a donc une vie pour la sécurité de nos données et communications en dehors des Etats-Unis et de la Russie.

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