Tech&Co
Cybersécurité

Et si le porno nuisait au Wi-Fi public?

-

- - JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

La consultation de sites pornographiques pourrait aboutir à des blocages de plus en plus nombreux sur les réseaux Wi-Fi ouverts au public.

Les hotspots n’ont jamais aussi bien porté leur nom. En France comme à l’étranger, chercher une connexion Wi-Fi dans une gare, un aéroport, ou tout autre lieu public est l’un de nos premiers réflexes. Et nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus nous satisfaire d’un passage sur Facebook, Twitter ou TripAdvisor. Il y a quelques semaines, les bornes Wi-Fi fraîchement installées à New York étaient en partie désactivées. En cause, l’attitude de certains habitants qui les utilisaient pour accéder à des contenus pornographiques. Mais les Américains ne sont pas les seuls à se servir du Wi-Fi gratuit de cette manière.

Le porno avant YouTube et Wikipedia

En Inde, l’opérateur RailTel s’est allié à Google pour offrir une connexion dans les principales gares du pays. Pour le moment, 23 d’entre elles sont couvertes. Selon le journal The Economic Times, les données de la gare de Patna - où le trafic est le plus important - ont été analysées pour déterminer les sites les plus consultés. Avant les réseaux sociaux ou les portails d’information, les contenus pornographiques figurent à la première place des recherches des internautes.

Après le porno, YouTube et Wikipedia restent les services préférés des internautes indiens. La gare de Patna est l’une des plus importantes du pays avec 200 trains chaque jour. La connexion fournie est d’excellente qualité, puisqu’elle offre un débit d’un gigabit par seconde. La multiplication des connexions gratuites à disposition des visiteurs pose de plus en plus de problèmes aux fournisseurs d’accès.

En plus du cas des bornes Wi-Fi de New York, les entreprises privées sont régulièrement concernées par l’accès à des films ou vidéos pornographiques. Cet été, McDonald’s et Starbucks annonçaient le blocage des sites pour adultes dans leurs restaurants. Les deux géants américains répondaient à la demande de l’association Enough Is Enough, qui lutte contre la pédopornographie. Le but est d’empêcher l’utilisation d’un réseau partagé - et parfois non protégé - pour visiter des sites illégaux.

Aucun filtre dans les gares françaises

En France, le nombre de hotspots est l’un des plus élevés au monde, avec plus de 13 millions de réseaux dénombrés fin 2014. Selon la SNCF, le Wi-Fi gratuit et illimité est disponible dans 218 gares, avec un objectif de 345 gares à l’horizon 2017. Mais SNCF Gares & Connexions - filiale du groupe en charge de l’exploitation des gares - affirme n’avoir aucune visibilité sur les contenus visionnés par les utilisateurs “pour des raisons de confidentialité et de protection des données personnelles”. A ce titre, l’entreprise confirme “qu’aucun filtre restreignant la navigation n’a été pour l’instant mis en place.”

Toutefois, la réglementation oblige le fournisseur d’accès à Internet de conserver les données associées à chaque machine durant un an. Par ailleurs, il revient au titulaire de la connexion de sécuriser cette dernière, afin d’empêcher toute activité illicite. Une obligation qui avait été instaurée en 2009 avec la loi Hadopi.

Des systèmes de blocage imparfaits

Les hotspots Wi-Fi se sont multipliés en dix ans, mais leurs débits profitent actuellement du développement de la fibre. Cette meilleure qualité de connexion s’accompagne mécaniquement d’opportunités pour télécharger des fichiers volumineux ou regarder des vidéos en streaming.

En Inde, RailTel et Google n’ont pas précisé les conséquences qu’ils tireraient de leur découverte. Mais à New York comme chez Starbucks ou McDonald’s, la solution réside souvent dans l’ajout de filtres permettant de bloquer des sites. Or ces derniers sont souvent imparfaits dans la mesure où de nouveaux sites illégaux s’ouvrent chaque jour.

Les contraintes légales pourraient conduire les fournisseurs à mettre en place des blocages plus larges que nécessaire, nuisant à la qualité de navigation. Des limitations qui peuvent même s’avérer erronées, à l’image d’Orange qui a récemment bloqué l’accès à Google et Wikipedia sur tout son réseau pour apologie du terrorisme.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co