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Un pancréas artificiel français bientôt au service des diabétiques

La start-up française Diabeloop veut lancer le premier pancréas artificiel pour venir en aide au diabiétiques de type 1.

La start-up française Diabeloop veut lancer le premier pancréas artificiel pour venir en aide au diabiétiques de type 1. - JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

La start-up Diabeloop espère commercialiser dès 2017 un système électronique permettant de réguler le glucose sanguin des malades. De quoi simplifier le traitement des patients et prévenir des complications.

Le premier pancréas artificiel au monde sera peut-être français. Il ne s'agit pas de remplacer cet organe par un implant, mais de le réguler grâce à un système électronique sous forme de patchs à porter en permanence sur soi.

La start-up Diabeloop, issue d’une collaboration entre le CERITD (Centre d’Etudes et de Recherches pour l’Intensification du Traitement du Diabète) et le CEA Leti, vient d’officialiser le 8 mars ce nouveau type de dispositif médical qui pourrait changer la vie des victimes du diabète de type 1. Cette maladie auto-immune attaque le pancréas et l’empêche de sécréter de l’insuline. Ce qui a pour effet d’augmenter le sucre dans le sang à des taux dangereux pour la santé. Chaque année, on déplore 1000 décès et 10 000 hospitalisations de patients qui ne parviennent pas à contrôler leur équilibre glycémique.

Voici la vidéo de démonstration :

Un smartphone dédié

Pierre Jallon est le chef du laboratoire du Leti qui a conçu le premier prototype en 2014. "La pièce maîtresse du système, c'est un capteur collé sur le ventre qui mesure le taux de glycémie toutes les 5 minutes", nous explique-t-il. 

Le patient se sert d'un smartphone dédié pour recevoir les informations du capteur et les transmettre à une pompe à insuline fixée sur le bras qui injecte la quantité nécessaire de produit quand il en a besoin. Le tout communique en Bluetooth. "Le malade doit rentrer quelques informations au préalable, comme son âge et son sexe. Au cours de l’utilisation, il faut aussi qu’il indique ses activités et ses prises de repas", ajoute Pierre Jallon.

Le dispositif complet de Diabeloop : le capteur, la pompe et le smartphone.
Le dispositif complet de Diabeloop : le capteur, la pompe et le smartphone. © Diabeloop

Si le capteur doit régulièrement être changé, tout comme la pompe, le dispositif pourrait simplifier énormément la vie des diabétiques de type 1, contraints actuellement de s'auto-administrer de multiples injections sous-cutanées par jour.

Mais la grande force de Diabeloop, c'est surtout de prévoir à l’avance les besoins en insuline grâce à des algorithmes. Terminés, les calculs savants et les coups de stress des malades obliger de varier leurs doses en fonction de la nourriture ingérée et de leurs activités.

Des algorithmes pour personnaliser le système

Pour parvenir à ce résultat, l’équipe de Pierre Jallon -qui se concentre désormais sur l’amélioration des algorithmes- est partie du modèle mathématique Howorka, élaboré à la fin des années 80. Celui-ci permet de simuler le fonctionnement normal du pancréas. "La difficulté était de faire coller la physiologie du patient avec ce modèle complexe comprenant 25 paramètres", nous détaille le chercheur.

Pour un maximum de personnalisation, le dispositif observe la physiologie du patient durant plusieurs heures lors de la première utilisation. Et il s'enrichit ensuite en permanence par les données entrées manuellement par le malade dans son smartphone. 

Comment fonctionne le dispositif de Diabeloop.
Comment fonctionne le dispositif de Diabeloop. © Diabellop

A terme, un système de monitoring permettra à du personnel médical de surveiller les patients à distance. Enfin, l’équipe de Pierre Jallon travaille à l’idée d’intégrer les données relevées par des trackers d’activité, comme l'Apple Watch par exemple.

Le pancréas artificiel a déjà été expérimenté avec succès sur une quinzaine de patients dans des CHU partenaires. Prochaine étape, le marquage CE, pour une commercialisation fin 2017. "Notre solution devrait coûter environ 9500 euros dont 8600 qui pourraient être remboursés à partir de 2018 par la Sécurité sociale à l'issue d'un grand test pour prouver son efficacité", nous a confié Erik Hunerker, cofondateur et DG de Diabeloop. Rappelons qu'actuellement, seules les pompes à insuline sont remboursées, à hauteur de 6500 euros par patient.