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Travail des enfants : les géants de la high-tech pointés du doigt par Amnesty International

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- - Junior D. Kannah AFP

Amnesty dénonce le travail des enfants dans les mines de cobalt et reproche aux grandes marques de fermer les yeux sur l'origine des minéraux utilisés par leurs fournisseurs.

Les grandes marques automobiles et high-tech ne font pas l’effort de s’assurer que le cobalt qu’elles utilisent n’a pas été extrait par des enfants . C'est ce que dénonce Amnesty International dans un rapport publié le 18 janvier 2016 sur les violations des droits de l’homme dans le commerce du cobalt en République démocratique du Congo (RDC).

La RDC assure à elle seule plus de la moitié de la production mondiale de cobalt, composant essentiel de nombreuses batteries rappelle l’ONG. Et aux côtés de grands groupes, des dizaines de milliers de mineurs clandestins, dont nombre d’enfants parfois âgés de seulement sept ans, travaillent dans des conditions déplorables et risquent leur vie pour une rémunération dérisoire : certains enfants interrogés par l’ONG ont affirmé travailler jusqu’à 12 heures par jour pour un salaire de un à deux dollars. D’après l’Unicef, il y aurait environ 40.000 enfants travaillant dans les mines du pays.

Des enfants trient et broient les pierres issues de mines de cobalt près de Kolwezi en RDC.
Des enfants trient et broient les pierres issues de mines de cobalt près de Kolwezi en RDC. © Amnesty International et Afrewatch

Le cobalt des mines de RDC est acheté par Congo Dongfang Mining, une division du géant chinois Zhejiang Huayou Cobalt. Celui-ci fournit des fabricants de batteries ayant des clients aussi connus que Microsoft, Apple, Lenovo Sony ou encore Samsung.

Apple, Samsung, Sony et les autres

"Des millions de personnes bénéficient des avantages des nouvelles technologies, sans se préoccuper de la manière dont elles sont fabriquées. Il est temps que les grandes marques assument leur part de responsabilité dans l’extraction des matières premières qui rendent leurs produits si lucratifs", explique Mark Dummett, spécialiste de la responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International.

L’ONG a donc contacté seize multinationales pour les confronter à cette situation.

Si Microsoft a reconnu se fournir en batteries auprès de Tianjin Lishen, qui achète le cobalt de Huayou Cobalt, la firme de Redmond assure que ce ne sont que de très petits volumes. Apple de son côté n’a pas directement répondu aux questions d’Amnesty International mais lui a indiqué mener régulièrement des audits auprès de ses fournisseurs et assure que "le travail des mineurs n’y est pas toléré".

D’autres entreprises comme Sony, Huawei, HP ou Samsung -ce dernier prône même une "politique de tolérance zéro"- ont indiqué qu’elles allaient mener des enquêtes auprès de leurs fournisseurs pour s’assurer que le cobalt utilisé ne venait pas de RDC sans pour autant expliquer ce qu’elles feraient si c’était le cas.

Des réponses qui n’ont pas convaincu l’ONG. "Sans lois qui les obligent à vérifier et publier l’origine des minéraux qu’utilisent leurs fournisseurs, les entreprises pourront continuer à faire des bénéfices en bafouant les droits de l’homme", tempête Mark Dummett.

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