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On a testé la première salle de cinéma en réalité virtuelle de Paris

pickupVRcinema, la première salle de cinéma de réalité virtuelle à Paris, vient d'ouvrir ses portes ce 19 mai.

pickupVRcinema, la première salle de cinéma de réalité virtuelle à Paris, vient d'ouvrir ses portes ce 19 mai. - 01net.com

Ce 19 mai s’ouvre PickupVRcinema, un lieu exclusivement dédié à la réalité virtuelle. Muni d’un casque Gear VR, les spectateurs peuvent y visionner quatre à cinq films courts et immersifs pour un tarif de 15 euros. Voici nos impressions.

Une salle de cinéma d’un blanc immaculé avec une façade vitrée : voilà qui est surprenant. Il faut dire qu’au 113 rue de Turenne, les spectateurs n’ont pas besoin d’être plongés dans le noir pour voir des films. Il leur suffit de se munir d’un casque de réalité virtuelle. PickupVRcinema est en effet le premier lieu dédié au septième art en VR. Et il ouvre ce jeudi 19 mai à Paris. Le ticket d’entrée est de 15 euros et vous donne accès à l’un des 15 fauteuils pivotants de la salle. On vous remet ensuite un casque Gear VR Samsung et un casque audio.

Le matériel dont chaque spectateur doit être équipé pour suivre une séance de cinéma VR.
Le matériel dont chaque spectateur doit être équipé pour suivre une séance de cinéma VR. © 01net.com

Tous les films conçus pour la réalité virtuelle étant pour le moment des courts métrages, les séances ne durent qu’une demi-heure et se composent de quatre à cinq films. La programmation sera renouvelée tous les deux mois environ, la production mondiale n’étant pas encore pléthorique. Lorsque vous réservez votre place sur le web ou par téléphone, l’heure de votre séance dépend de la thématique que vous aurez choisie : "frisson", "état du monde", "voyage", "grand spectacle" et "french touch".

Tous les genres sont permis en VR

On peut donc voir de tout... même si vous avez peu de chance de tomber sur une comédie. PickupVRcinema sélectionne du documentaire, de l’animation et de la fiction. "On peut distinguer deux types de films : ceux qui sont entièrement générés par ordinateur et ceux qui ont été tournés en prises de vue réelles", nous explique Brice Rocton, l’un des fondateurs du lieu. "A l’avenir, on souhaite aussi proposer des contenus interactifs, ce qui n’est pas le cas pour le moment", précise-t-il.

Aux manettes, on trouve un trio de trentenaires : Hadrien Lanvin, qui s’occupe de la technique, Brice Rocton, qui se charge de l’exploitation et Camille Lopato, de la curation de films (photo ci-dessous). Ils ont tous travaillés précédemment dans le secteur du 7e art. Les deux premiers se sont lancés dans la VR en 2015 après avoir créé la société Pickup, qui édite notamment un service de VoD. Avant d’ouvrir cette salle, ils ont organisé une quarantaine de séances test.

Hadrien Lanvin, Camille Lopato et Brice Rocton.
Hadrien Lanvin, Camille Lopato et Brice Rocton. © 01net.com

Munis de notre casque, nous avons donc assisté à une projection type. Le principe est de lancer les mêmes films simultanément pour tous les spectateurs, comme dans un cinéma traditionnel. Pour créer une émulation entre les gens et ressentir des émotions communes ? Pas vraiment. Comme la séance doit être initiée manuellement sur chaque casque, il y a toujours un décalage entre tous les spectateurs. Enfin, avec un tel dispositif, chacun reste centré sur soi. Si échanges il y a, ils ont lieu après, pour commenter l’expérience.

Des films perfectibles techniquement

La première chose qui nous a frappé, c’est la mauvaise qualité des images qui sont très pixélisées. Il faut dire que le choix du Gear VR paraît discutable au niveau du rendu. Mais les dirigeants du lieu le justifie en mettant en avant le côté pratique du sans fil, contrairement à un Oculus ou un Vive. Par ailleurs, dans les productions tournées en prises de vue réelles, la jonction n'était pas toujours bien faite entre les différents angles de caméra. Ce qui fait qu’on perçoit les césures.

Il est sûr que le procédé fonctionne mieux avec des films d’animation. LoVR, par exemple, raconte la rencontre de deux êtres qui ont un coup de foudre l’un pour l’autre... sans avoir besoin d'aide de dessins réalistes. Mais le court métrage parvient à tirer parfaitement profit de tout l’espace offert par la VR. Au point que le spectateur ne sait parfois plus où donner de la tête.

Moins évident à priori, le document The Ark, suit les quatre derniers rhinocéros blancs au monde. D’une part, les paysages grandioses se prêtent bien à l’ouverture du champ de vision à 360 degrés. D’autre part, les auteurs inventent carrément une nouvelle narration en assumant simultanément champ et contre champ. Dans un film traditionnel, une personne interviewée ne reste pas intégralement à l’écran. On entend sa voix sur des plans de coupe. Dans The Ark, le champ de vision est coupé en plusieurs parties et affiche tous les angles de caméra ce qui permet au spectateur de faire son propre montage, en quelque sorte.

Le documentaire The Ark.
Le documentaire The Ark. © Zline Jongsma et Kel O'Neil.

On a été beaucoup moins convaincu par Killer Deal, un court métrage d’épouvante. A cause de l’écriture mais aussi parce que la fiction en prise de vue réelle se prête beaucoup moins à la VR. A part obtenir des effets de sortie d’écran analogues à ceux que l’on avait déjà avec des lunettes 3D, la réalité virtuelle n’apporte pas grand-chose. L'imperfection technique tend même à plutôt déconcentrer le spectateur, alors qu’il est censé s'immerger davantage dans un univers fictif.

A la fin de la séance, on est fatigué et soulagé d’ôter son casque qui finit tout de même par peser. Ce qui est drôle, c’est que l’on se retrouve rarement dans l’axe où l’on imagine être resté. Avec la VR et les fauteuils pivotants, on est amené à bouger beaucoup durant la séance et on finit par perdre le sens de l’orientation. L'expérience est plaisante : on sent tout le potentiel artistique que pourrait tirer le cinéma de la réalité virtuelle, même si de gros progrès techniques restent à faire. PickupVRcinema pourrait bien devenir un lieu incontournable, permettant certes de visionner des films en VR pour ceux qui n’ont pas de casque mais jouant surtout le rôle de prescripteur en faisant le tri dans la production mondiale. Et de telles salles ne sont pas légion en Europe. On en compte une seule autre... à Amsterdam.

pickupVRcinema

séances du mercredi au vendredi de 19h00 à 22h00

samedi et dimanche de 14h00 à 22h00

15 euros la séance

113 rue de Turenne dans le 3e arrondissement à Paris

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