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Des hamburgers cultivés in vitro bientôt dans vos assiettes ?

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- - David Parry/PA Wire

Le très médiatisé professeur Mark Post cultive des cellules souches de vache pour produire de la viande artificielle. Il vient de créer la start-up Mosa Meat pour accélérer la commercialisation de son produit qu’il rêve de proposer dans les supermarchés.

Le 5 août 2013, une dégustation un peu particulière créé l’événement à Londres. Celle d’un hamburger artificiel conçu entièrement dans le laboratoire du scientifique néerlandais Mark Post. Le plat est aussitôt affublé du sobriquet "Frankenburger" par la presse britannique. Le chercheur estime alors pouvoir commercialiser son prototype dans les vingt ans à venir.

Il devrait finalement pouvoir concrétiser son rêve bien plus tôt que prévu. C’est pour cela qu’il vient de fonder avec son collaborateur Peter Verstrate la start-up Mosa Meat, un spin-off de l’Université de Maastricht. Un lancement officialisé adroitement à l’occasion du premier symposium sur la viande cultivée qui s’est tenu à son initiative il y a quinze jours aux Pays-Bas.

Sur le marché dans cinq ans

"Je suis persuadé que nous pourrons le mettre sur le marché d’ici cinq ans", a-t-il confié à la BBC. Mark Post avait déjà prouvé la faisabilité du produit. Il tente donc maintenant de passer à sa phase industrielle en imaginant quelles pourraient être le mode de production. Il envisage un jour de pouvoir fournir la ration annuelle de viande de 10 000 personnes grâce à de petites usines où les cellules souches seraient cultivées dans des bioréacteurs.

"Ce sera d’abord un produit exclusif, puis il devrait pouvoir être proposé dans les supermarchés une fois que la demande aura percé et que les prix auront baissé", affirme-t-il. Il est vrai que son steak coûte encore la bagatelle de 215 000 dollars !

Avant cela, il faudra aussi qu’il parvienne à améliorer son produit dont les qualités gustatives laissent encore à désirer, si l’on en croît les critiques gastronomiques qui s’y sont essayé. Pour le moment, le steak artificiel n’est constitué que de fibre musculaire. Mark Post travaille actuellement à synthétiser de la graisse et du sang à partir de cellules souches, ce qui devrait lui apporter du goût et de la texture.

Peter Verstrate et Mark Post dans leur labo.
Peter Verstrate et Mark Post dans leur labo. © -

La viande artificielle représente une alternative à l’élevage bovin qui pollue l’environnement et malmène les animaux, d'autant plus que la demande mondiale de viande de bœuf explose. Ce qui explique que de nombreuses start-ups se soient lancées sur le créneau, à commencer par la société new-yorkaise Modern Meadow qui imprime des steaks en 3D.

Hyper médiatisé, Mark Post a réussi habilement à devenir l'interlocuteur incontournable dans ce domaine. Il a même réussi à attirer l'attention de Serguey Brin, le cofondateur de Google, qui a financé ses travaux préliminaires. Il doit maintenant prouver qu'il peut imposer son hambuger dans nos assiettes.

comment cultiver de la viande en laboratoire ?

Devant les caméras de la BBC, Mark Post a dévoilé son labo de l’Université de Maastricht et agité de minuscules fioles emplies d’un liquide rosé.

La première étape du processus consiste à extraire du tissu musculaire de vache, puis à le cultiver avec des nutriments et des hormones de croissance pour favoriser leur développement.

Au bout de trois semaines, les cellules souches sont multipliées par millions. Elles sont alors placées dans des boîtes de Pétri plus petites où elles se fondent en petites bandes de muscle d’environ un centimètre de long et quelques millimètres d’épaisseur. Elles sont enfin déposées en couches successives les unes au-dessus des autres, puis colorées et mélangées avec de la graisse. Bon appétit !

Amélie Charnay