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Comment le vibreur de votre smartphone peut se transformer en mouchard

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Des chercheurs ont montré qu'un vibreur pouvait être transformé en microphone. Le signal enregistré est suffisamment bon pour être reconnaissable à l'oreille dans 80% des cas.

Nos smartphones nous réservent encore bien des surprises, comme le démontre l'étude que viennent de publier Nirupam Roy et Romit Roy Choudhury, deux chercheurs de l'université d'Illinois. Leur idée : utiliser le vibreur du terminal pour écouter les conversations. A première vue, cela paraît totalement incongru. Mais en fait, ça marche, et même plutôt bien. Les mots que les chercheurs ont captés au vibreur sont reconnaissables à l'oreille avec un taux de réussite de 80 %, après traitement du signal. Les logiciels de reconnaissance vocale, quant à eux, arrive à décoder correctement ces "enregistrements" dans 60 % des cas.

Comment ça marche? Au fond, un vibreur peut être assimilé à un haut-parleur. Dans les deux cas, le fonctionnement repose sur une petite masse mise en vibration par un champ magnétique créé par une bobine électrique. La seule différence, c'est que le haut-parleur dispose, en plus, d'une membrane pour transmettre les vibrations à l'air ambiant et générer du son. Or, chaque haut-parleur peut également servir de microphone: lorsque la petite masse est soumise à des vibrations extérieures, elle va induire un courant électrique dans la bobine, et donc un signal. En théorie, un vibreur pourrait donc bien capter les paroles environnantes.

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Il faut poser un fil supplémentaire

Pour le prouver, les chercheurs ont mis en place deux plateformes expérimentales. L'une est simplement basée sur un composant vibreur relié directement sur un circuit d'amplification. L'autre dispositif est un Samsung Galaxy S-III dans lequel le vibreur a été relié par un fil supplémentaire à la carte son du téléphone. Selon les chercheurs, cette manipulation n'est pas très compliquée et peut se faire "en moins de 10 minutes". Le signal du vibreur peut ensuite être collecté directement depuis une application Android.

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- © Recâblage du smartphone

Dans les deux cas, lorsqu'on écoute le signal brut venant du vibreur, on n'entend rien d'autre qu'un gloubi-boulga sonore inintelligible. C'est pourquoi il est ensuite traité de façon algorithmique à coups d'"extrapolations", de "reconstructions harmoniques" et de "soustractions spectrales" pour arriver à en extraire un son audible. A leur grande surprise, cette distillation sonore fonctionne plutôt bien. Plusieurs exemples peuvent être consultés sur le site web des chercheurs.

Beaucoup de pistes à explorer 

Faut-il s'en inquiéter? Oui et non. Actuellement, le vibreur n'est pas identifié comme une fonction à risque et les applis mobiles peuvent facilement y avoir accès. Mais les risques d'espionnage sont limités, car il faut accéder au matériel et procéder au recâblage. Néanmoins, il y aurait peut-être des moyens plus simples. Interrogé par TechCrunch, Nirupam Roy pense qu'il serait possible de récupérer le signal en analysant les fluctuations électriques dans la puce de gestion d'alimentation (Power Controller Chip) qui, elle, est directement accessible par le système. "Mais nous n'avons pas suivi cette piste", indique le chercheur.

En effet, les chercheurs sont finalement moins intéressés par les capacités d'espionnage que par les nouvelles fonctionnalités potentielles. Ainsi, le vibreur pourrait compléter le microphone et améliorer la reconnaissance vocale du smartphone. Il pourrait également constituer un moyen de contrôle vocal pour les montres et bracelets connectés qui ne disposent pas de microphone. Le champ d'exploration est donc très ouvert.

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