La Chine veut prédire les crimes en surveillant tous ses citoyens
Pouvoir prédire un crime est le rêve des polices du monde entier. En Chine, le gouvernement vient de confier cette mission à l'entreprise d'État China Electronics Technology Group Corporation. Selon Bloomberg, le but est de développer un logiciel permettant de profiter des données concernant tous les habitants du pays pour détecter des changements inhabituels de comportement. Il s'agit de pouvoir mettre certains individus suspects sous surveillance avant qu'ils ne puissent commettre des actes terroristes. Un scénario qui n'est pas sans rappeler celui du film Minority Report, avec Tom Cruise en moins.
Un accès total à toutes les données
Le logiciel va s'intéresser de près à pratiquement tous les résidents chinois. Les données analysées concerneront leur travail, leurs loisirs mais également leurs habitudes de consommation ou leur compte bancaire. Pour récolter ces informations, le Parti communiste chinois pourra notamment s'appuyer sur une loi antiterroriste votée fin 2015.
Le texte offre aux autorités un accès quasi-total aux données des internautes, qu'il s'agisse de leurs recherches sur le Web, leurs discussions personnelles sur les messageries instantanées ou leurs contributions aux différents réseaux sociaux. Le réseau de caméras de surveillance pourra également être mis à contribution. Une transposition numérique du fichier Dang'an qui répertoriait les détails les plus intimes de la population, du temps de Mao.
Une efficacité potentielle limitée
Mais malgré cette surveillance à la Big Brother, l'efficacité du dispositif est loin d'être évidente. "Il n'existe pas assez d'exemples de terrorisme pour créer des modèles de données exploitables", explique à Bloomberg Jim Harper, spécialiste en cybersécurité. Autrement dit, il ne sert à rien de connaître tous les comportements d'une population si l'on ne sait pas à quoi les comparer. Malgré tout, le gouvernement chinois est bien décidé à tester le système à grande échelle.
Selon une source interne au programme interrogée par Bloomberg, la région du Xinjiang - une région musulmane dans le Nord-Ouest du pays - et le Tibet feront office de laboratoires. Les deux territoires totalisent 25 millions d'habitants.
Avec deux millions de citoyens employés à censurer internet, la Chine n'a prévu aucun garde-fou permettant de limiter la surveillance de masse et les dérives qui peuvent en découler. S'il ne vient pas à briller par son efficacité, le projet de prédiction de crimes aura au moins réussi une prouesse, celle de faire passer la NSA pour un apôtre de la vie privée.