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On a testé le Wi-Fi dans un avion d'Air France

Air France teste actuellement le Wi-Fi dans deux avions en Europe.

Air France teste actuellement le Wi-Fi dans deux avions en Europe. - -

Air France propose une connexion sans fil à Internet dans deux de ses avions depuis le 12 janvier. Une expérimentation à laquelle nous avons pu prendre part le temps d’un aller-retour Paris-Genève.

Le Wi-Fi dans l’avion en Europe, c’est peut-être pour bientôt. Air France teste actuellement cette technologie avec l'opérateur Orange sur deux de ses avions A320 en France et en Europe. Nous avons embarqué à bord de l’un d’eux pour tester le service.

Niveau technologie, Orange a choisi de recourir à une connexion satellite. On distingue d’ailleurs à l’extérieur de l’avion le radôme qui sert de coque protectrice à l’antenne satellite. A l’intérieur, on compte un serveur pour le catalogue vidéo et six antennes Wi-Fi afin de distribuer la connexion sans fil à tous les passagers.

L'offre commerciale est simple : un "pass connectivité" pour accéder à internet et six chaînes de télévision à 5 euros lorsque l'on survole la France et 10 euros en Europe, et/ou un "pass divertissement" pour visionner des films, des séries TV ou jouer. Aucune limite de data ni de durée de connexion, chaque pass est valable le temps d'un vol.

Un très bon débit descendant

Nous avons mesuré plusieurs fois la vitesse du débit avec l’application Speedtest sur un iPhone, une tablette Android et un ordinateur portable sous Windows. Nous étions assis parmi les passagers et plusieurs dizaines à nous connecter en même temps sur le réseau. Résultats : les scores obtenus en débit descendant (download) étaient très satisfaisants : entre 9 et 14 Mbits/s, c’est-à-dire de l’ordre d’une bonne connexion ADSL. Les performances étaient en revanche beaucoup moins flatteuses en ce qui concerne le débit montant (upload) : entre 0,20 et 0,52 Mbit/s, soit largement en-dessous d’une connexion ADSL ce qui est plutôt classique pour un réseau Wi-Fi partagé par de nombreuses machines.

Concernant, le ping, c’est-à-dire le temps de la réponse de la connexion qui permet de connaître la durée d’aller et retour d’une information sur le réseau, le résultat est là catastrophique avec des chiffres extrêmement élevés dépassant les 700 ms. Normal puisque le signal doit atteindre le satellite. Impossible d’envisager de jouer en réseau donc, le lag sera vraiment trop gênant. Ces petits ralentissements se font aussi sentir pour d'autres usages, sans que cela impacte le surf ou les téléchargements, par exemple.

Pas d'accès à Netflix

Nous avons ainsi pu sans problème télécharger des applications en ligne, consulter nos mails, surfer sur le Web, visionner des vidéos sur YouTube, regarder la télévision, et des films via le serveur de l'avion, ou encore créer et consulter des documents dans le cloud. Impossible, en revanche, de passer des appels vocaux ou vidéo. Mais Air France envisage de toutes façons de brider ce type d’usage pour éviter toute nuisance sonore entre les passagers.

Netflix était inaccessible, un bridage volontaire pour des questions de droits d'auteur qui sont spécifiques concernant l'aérien et gérés par des sociétés spécialisées dans le divertissement à bord comme l'Américaine Global Eagle Entertainment. C'est cette dernière qui gère le catalogue de films et de séries TV à bord et qui a livré une solution clef en main pour l'équipement réseau Wi-Fi de l'avion. Elle fournit ce type de services à plus de 150 compagnies dans le monde.

Rester connecté au décollage et à l'atterrissage

Le gros point fort du système, c'est le gate to gate. L'usager peut se connecter dès qu'il est assis dans l'avion, y compris durant le décollage et l'atterrissage. C'est une première en Europe. Il doit, en revanche, mettre préalablement son smartphone sur mode avion, pour se déconnecter du réseau de son opérateur, avant d'activer uniquement le Wi-Fi.

Au final, nous avons trouvé cette expérience plutôt concluante avec un confort de connexion tout à fait suffisant pour un voyage en Europe et des usages classiques. Les prix restent raisonnables, compte tenu de ce qui se fait déjà à l'étranger où la connexion peut être vendue jusqu'à 11 euros de l'heure et un forfait 20 euros pour un long courrier.

L'expérimentation va durer trois mois. Techniquement, aucune obstacle ne s'oppose à un plus large déploiement. Reste à connaître l'appétence et les usages des passagers. C'est en fonction de cela qu'Air France et Orange se décideront. Un choix qui ne se fera pas à la légère vu le coût prohibitif de l'équipement et le temps d'installation. Chaque avion doit en effet être immobilisé durant une dizaine de jours pour cela.

Mais on peut parier que l'on aura peut-être demain plus facilement une connexion internet dans un avion que dans le train ou le métro en France !

Amélie Charnay avec Pierre Thieulin-Pardo