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Facebook sommé de changer sa politique du "vrai nom"

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Victimes de violences domestiques, opposants politiques ou membres de minorités sexuelles et religieuses seraient mis en danger par le réseau social, qui continue à privilégier l’usage du patronyme civil. Des associations protestent contre cette position.

Le ton monte contre Facebook. Ce lundi 5 octobre, près de 80 associations internationales de défense des libertés individuelles ont adressé une missive au réseau social pour protester contre sa politique "du vrai nom" qui mettrait certains de ses abonnés en danger.

Le bouton qui permet de signaler un faux profil serait en effet détourné fréquemment par des personnes malveillantes souhaitant dévoiler la véritable identité d'usagers qui ont de bonnes raisons de la masquer. La procédure veut alors que Facebook exige une pièce d’identité. Or, le nom d’usage ne figure bien souvent pas sur ce papier officiel. Le réseau social prend alors parfois la décision de rétablir le nom légal de l’utilisateur contre son gré, en utilisant la pièce qui a été fournie ! Ce qui peut provoquer des drames. Lily, une Américaine de 47 ans, est ainsi retombée sous la coupe d’un ancien compagnon qui la battait, comme le rapporte le site The Daily Beast.

Des opposants politiques en danger de mort

Dans certains pays aux gouvernements répressifs, cela peut carrément mettre en danger de mort des opposants politiques, ou des membres de minorités religieuses, sexuelles et ethniques.

Facebook n'en a cure et continue de prôner la politique de l'"identité authentique". Les noms d'usage sont tolérés depuis l'année dernière pour les transsexuels, par exemple. A condition qu'ils figurent sur un papier officiel.

Par ailleurs, sont bannis du réseau social : les symboles, titres, surnoms et caractères qui n’appartiennent pas à une même langue. Exit Sœur Dominique ou "Plume d'Elan"... Ce qui pénalise les Amérindiens, certaines ethnies et les membres du clergé.

L’autre problème soulevé par les associations concerne la sécurité. Elles s’interrogent sur la façon dont Facebook protège les informations personnelles des utilisateurs, qui sont obligés d’envoyer leur pièce d’identité. Elles exigent ainsi que Facebook vérifie les motivations des utilisateurs qui signalent des faux profils. Mais aussi que d’autres preuves écrites puissent suppléer à la pièce d’identité. Et enfin, que le réseau social précise clairement combien de temps et de quelle façon il conserve les documents officiels. Facebook est sommé de répondre à tout cela d’ici le 31 octobre.

Amélie Charnay