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Facebook s'attaque aux articles "pièges à clics"

Le réseau social de Mark Zuckerberg souhaite, en réduisant les contenus racoleurs, éviter aux utilisateurs de se lasser et ainsi, fidéliser sa clientèle d'annonceurs.

Le réseau social de Mark Zuckerberg souhaite, en réduisant les contenus racoleurs, éviter aux utilisateurs de se lasser et ainsi, fidéliser sa clientèle d'annonceurs. - Justin Sullivan / Getty Images / AFP

Le réseau social se lance en quête des titres d'articles outrancièrement racoleurs et aux contenus pauvres afin de rendre la page d'accueil plus "intéressante et pertinente" pour l'utilisateur, d'après un communiqué du lundi 25 août.

On ne rigole plus chez Facebook. Après avoir annoncé en avril un "grand nettoyage" du fil d'actualité pour évincer autant que possible les publications désignées comme "indésirables", et après avoir voulu tester un mécanisme qui limite l'apparition d'articles satiriques (comme ceux de The Onion ou Le Gorafi), le réseau social s'attaque maintenant aux articles aux titres trop ouvertement racoleurs. 

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Il s'agit pour la plupart d'articles publiés par des sites de divertissement comme Buzzfeed, Minutebuzz (le "buzzfeed français") ou encore Upworthy. Ce dernier est l'initiateur de la tendance, appelée "click bait" ou "piège à clic", qui s'est étendue chez beaucoup de médias web utilisant Facebook et son aspect viral pour rameuter un grand nombre de lecteurs, explique en anglais The Atlantic. Les gros titres mis en avant par ces sites ne donnent qu'un minimum d'informations au lecteur afin de l'inciter, par un sujet et une formulation attrayante, à cliquer à tout prix sur le lien pour en savoir plus (une page a d'ailleurs été créée par Facebook en exemple). Ainsi, un article qui peut sembler exclusif et distrayant à première vue, se révèle finalement pauvre, inintéressant, ou ne répond à la question qu'au terme d'une lecture de faits interminables. C'est ce qu'entend pourchasser le réseau social de Mark Zuckerberg.

Mettre en valeur les publications des amis

Le Monde rapporte que cette idée aurait pu être inspirée au patron de Facebook par les constatations de certains journalistes, qui expliquent que leur fil d'actualité "est devenu stupide" ou que Facebook ne leur montre finalement pas ce qu'ils veulent véritablement voir.

Dans un message publié lundi 25 août sur le blog d'actualité de Facebook, le groupe explique vouloir réduire la visibilité des photos, vidéos ou articles "pièges à clics", grâce au changement de l'algorithme qui détermine l'ordre des publications sur le fil d'actualité. Ce qui se passe aujourd'hui, déplore Facebook, c'est que "ce genre de publications attire énormément de clics, ce qui signifie qu'elles apparaissent plus fréquemment et tout en haut du fil d'actualité de nos utilisateurs" et "au fil du temps, (…) peuvent noyer les publications d'amis et les pages qui nous intéressent vraiment".

Cette nouvelle version de l'algorithme, gardé secret, permettra de mettre en valeur les publications des amis, comme leurs statuts et photos, ou les différents articles qu'ils ont aimés, avant celles des sites de divertissements, plus impersonnelles.

Des contenus qui polluent le fil d'actualité

Pour Facebook, non seulement ces articles racoleurs constituent une perte de temps, mais ils ne répondent pas aux attentes des utilisateurs de son réseau, voire les agacent: "Quatre-vingts pour cent des utilisateurs que nous avons interrogés ont indiqué qu'ils préféraient être confrontés à des titres d'articles qui les aidaient à déterminer s'ils avaient envie de lire le lire ou non avant de cliquer".

La solution pour déterminer si un lien est véritablement un "piège à clic", et si son contenu est vraiment de mauvaise qualité, est de mesurer le temps passé en dehors de sa page après le clic sur le lien: "Si une personne clique sur un lien et revient aussitôt sur Facebook, cela signifie qu'elle n'y a pas trouvé ce qu'elle voulait". Ainsi ce résultat, ajouté au nombre de "j'aime" et de commentaires, détermine si oui ou non il s'agit d'un article racoleur à bannir.

Fidéliser les annonceurs, inscrire Facebook dans la durée

L'objectif de ce tri, avance Le Figaro, serait de réaffirmer la volonté de Facebook de "devenir une plateforme d'information sérieuse" et ainsi de "plaire aux annonceurs". Cependant, il lui faut pour cela jongler entre les photos de vacances et vidéos virales légères et les articles de journaux de fond. Organiser Facebook, c'est essayer de garder du sens dans l'ordre des publications sur la page d'accueil et ainsi empêcher les internautes de se lasser ou de trouver le fil trop brouillon, contrairement au principe chronologique de Twitter, par exemple.

Les spams sont en effet très répandus sur la plateforme de micro-blogging au caractère court et instantané, en juger à la multiplication des comptes de "spoilers". Ces comptes considèrent que cliquer sur certains articles n'apporterait rien au lecteur sinon une réponse qui peut tenir en une ligne. Ainsi, les "HuffPo Spoilers", "Saved You A Click", ou encore "Un clic de moins" prétendent faire gagner du temps à leurs abonnés en leur épargnant les affreux "click-bait".

Si le réseau social annonce que les pages qui continuent d'utiliser ce genre de pratiques seront touchées par le nouveau mécanisme "dans les prochains mois", il en faudra plus pour décourager les investisseurs du divertissement en ligne, puisque MinuteBuzz a annoncé mardi lever 1 million d'euros pour son expansion, rapporte Le Figaro.

Emma Derome