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Espagne: le Parti populaire part en guerre contre les mèmes

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Des parlementaires espagnols veulent pénaliser la création et la diffusion de photomontages humoristiques qui, selon eux, portent atteinte à la dignité des personnes moquées.

En Espagne, les hommes politiques n’ont pas le même humour que les internautes. Le Parti populaire, parti conservateur actuellement au pouvoir, a déposé une proposition devant le congrès pour réformer la loi organique de protection de l’honneur et de l’intimité de 1982. Dans son viseur : les mèmes qui circulent sur les réseaux sociaux.

Ce texte demande que la production et la diffusion de mèmes, ces images humoristiques qui se répandent de manière virale sur Internet, soient sanctionnées pénalement si elles ne sont pas validés par les personnes parodiées ou visées. Pour le parti populaire, les nouvelles technologies ont accentué les atteintes aux droits mentionnés dans la loi de 1982. Si cette proposition est acceptée par les parlementaires, la publication d'une de ces petites tranches d’humour pourrait être considéré comme un délit. 

Un danger pour la liberté d'expression

Cette proposition a soulevé de vives réactions dans le pays. Outre les internautes qui se sont rassemblés derrière le hashtag #SinMemesNoHayDemocracia (sans mèmes, pas de démocratie) pour dénoncer "un tour de vis supplémentaire contre la liberté d’expression" en publiant de nombreux mèmes mettant en scène Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol et membre du Parti populaire.

De son côté, la Plataforma en defensa de la libertad de informacion (PDLI), une organisation défendant la liberté d’expression des médias en tout genre, des avocats et des journalistes, s’est dit "préoccupée par cette réforme parce qu’Internet ne nécessite pas de lois spéciales. Les mêmes lois doivent s’appliquer sur le réseau et en dehors", a-t-elle expliqué sur son site. La présidente de l’organisation, Virginia Perez, elle, n’y va pas par quatre chemins: "c’est un danger pour la liberté d’expression".

"A l’heure actuelle, cette proposition est juste enregistrée, a tempéré une source du journal El Mundo. Elle peut encore être modifiée."