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Attaque à "Charlie Hebdo": le business des noms de domaine

Pancarte "Je suis Charlie", le 11 janvier 2015, jour de la "Marche républicaine".

Pancarte "Je suis Charlie", le 11 janvier 2015, jour de la "Marche républicaine". - Patrick Kovarik - AFP

Au lendemain de l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, des noms de domaine comme "charliehebdomassacre.com" ou "je-suischarlie.com" sont en vente, symboles d'un commerce opportuniste sans morale.

Parmi les nombreuses tentatives de récupération commerciale de l'attentat contre Charlie Hebdo, la création d'adresses de sites internet aussitôt remises en vente est le symbole d'un commerce sans morale, dont l'encadrement progresse lentement.

Créée le jour même de l'attaque contre l'hebdomadaire satirique, l'adresse "charliehebdomassacre.com" est déjà à revendre au plus offrant, comme d'autres coquilles vides telles que "charliehebdoshooting.com", tandis que "je-suischarlie.com" est mis à prix 349 euros sur la plateforme d'échanges de noms de domaine du groupe allemand Sedo.

Guinness des records

Principale place pour la revente de noms de domaine, cette bourse a enregistré un volume de ventes supérieur à 70 millions de dollars (60,3 millions d'euros) en 2013 et de près de 36 millions de dollars au premier semestre 2014.

Les vendeurs - appelés "domaineurs" - espèrent peut-être rejoindre au livre Guinness des records l'ancien propriétaire de l'adresse "sex.com", cédée en 2010 pour la bagatelle de 13 millions de dollars, ou celui de "porn.com", qui s'était négocié 9,5 millions de dollars en 2007.

"charliecoulibaly.fr"

Mais les transactions sont rares: 37.000 en 2013 et 16.000 de janvier à juin 2014 via la plateforme de Sedo, qui revendique 18 millions de noms de domaines proposés par 2 millions de domaineurs.

D'autres viendront sans doute bientôt s'y ajouter, comme les adresses "charliehebexecute.fr" et "charliecoulibaly.fr", soldées 6,99 euros au lieu de 15,99 euros par le groupe américain GoDaddy, principal registraire (ou bureau d'enregistrement) de nouveaux noms de domaines. "Le commerce est libre", observe Charles-Edouard Pezé, juriste chez Gandi, le deuxième registraire français. "On se doit de traiter toutes les demandes de manière neutre et passive. Le principe, c'est premier arrivé, premier servi et même seul servi", ajoute-t-il.

M. R. avec AFP