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Attentats de Paris: les messageries cryptées réagissent à leur mise en cause

Threema propose à ses utilisateurs un service de messagerie crypté de A à Z et ne possède pas la clé de cryptage des messages.

Threema propose à ses utilisateurs un service de messagerie crypté de A à Z et ne possède pas la clé de cryptage des messages. - Threema

Les services de messagerie cryptée sont dans le viseur de certains responsables politiques, qui estiment qu'elles facilitent la tâche aux terroristes. Les entreprises du secteur réagissent de manière contrastée à ces accusations.

Accusées de servir de canaux de communication aux jihadistes à l'abri des services antiterroristes après les attentats de Paris, les messageries sur smartphone ont réagi jeudi à leur mise en cause. Certaines ont décidé de passer à l'action en bloquant des comptes liés à Daesh, d'autres en restreignant l'accès à leurs applications, d'autres en déclarant que la surveillance totale n'est pas une solution.

> Telegram bloque des comptes

La plus sécurisée d'entre elles, Telegram, a ainsi annoncé bloquer des dizaines de comptes liés à Daesh qui seraient utilisés pour une propagande extrémiste. Plus de 10 milliards de messages y transitent chaque jour. L'application doit sa popularité à un système de cryptage très complexe et à des conversations "secrètes" qui ne sont stockées sur aucun serveur.

L'entreprise assure qu'elle ne transmettra jamais les données personnelles de ses utilisateurs à des tiers. Mais elle a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi avoir "bloqué 78 comptes liés à l'EI (l'Etat islamique, Ndlr) en 12 langues sur cette seule semaine". L'application a précisé préparer de nouvelles procédures pour permettre aux utilisateurs de lui signaler des "contenus publics discutables".

> Silent Circle va sélectionner ses utilisateurs

Pour sa part, le service de messagerie Silent Circle a indiqué restreindre l'accès à ses applications mobiles afin de les rendre plus difficiles à utiliser pour les terroristes et les criminels. L'entreprise basée en Suisse, qui a développé des smartphones ultrasécurisés Blackphone et fournit des applications Silent Phone pour une messagerie totalement privée, a annoncé introduire des technologies de paiement plus sophistiquées "afin de réduire la probabilité" que ses applications soient utilisées par l'EI.

"Puisque l'EI nous a qualifié de produit le plus fort, nous allons mettre en place des procédures responsables et moralement acceptables pour compliquer l'accès à nos technologies à de mauvais éléments", a déclaré à Mike Janke, cofondateur de Silent Circle.

> Threema dénonce une "surveillance totale" qu'elle juge vaine

La société suisse développe une application de communication payante avec un "cryptage de bout en bout". Elle a été recommandée dans un guide distribué par Daesh aux jihadistes, qui la signale comme "sûre" pour ses adeptes. Mais à ceux qui demandent une plus grande surveillance des communications cryptées, Threema a répondu jeudi que même une "surveillance totale" ne pourrait pas stopper les violences. "Nous ne savons pas comment les services de renseignements recueillent leurs informations, mais compter uniquement sur une surveillance totale pour résoudre des problèmes sociaux et politiques brûlants n'a jamais fonctionné dans le passé et ne fonctionnera pas dans le futur", a affirmé le porte-parole de Threema.

"Sacrifier certains des fondements mêmes de nos démocraties occidentales - la liberté, la vie privée et la liberté d'expression - pour un faux sentiment de sécurité ne semble pas être une chose intelligente", a-t-il ajouté en direction des responsables politiques qui demandent que les services de messagerie cryptée disposent d'une "porte dérobée", qui permettrait d'offrir un accès aux données à de tierces personnes. "Threema opère dans les limites de la loi suisse et coopérera avec les autorités suisses si la loi l'exige. Cependant, les possibilités sont extrêmement limitées puisque nous avons très peu de données et nous n'avons pas accès aux clés de décryptage de nos utilisateurs", a expliqué le porte-parole.

N.G. avec agences