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Sur Facebook, les fausses vidéos en direct se multiplient

Extrait des images diffusées sur Facebook Live

Extrait des images diffusées sur Facebook Live - YouTube (Dieseltriebzug)

Depuis quelques semaines, certains médias publient des vidéos sur Facebook Live. Il s’agit en réalité de séquences déjà existantes.

C'est ce qui s'appelle se faire avoir. Mercredi 26 octobre, des milliers de membres de Facebook ont observé attentivement la sortie de plusieurs astronautes de l’ISS. Selon les différentes pages qui retransmettaient l'événement, il s’agissait d’une vidéo en direct. Sauf que la sortie en question remontait à 2013 et que les médias comme USA Viral ou Unilad n’ont procédé qu’à une rediffusion, induisant en erreur leurs spectateurs.

Depuis, les faux directs se multiplient, comme cette vidéo publiée sur la page Interestinate qui montre le changement d’une ampoule au sommet d’une tour de 600 mètres. La séquence, qui dure 18 minutes, est passée en boucle et estampillée "live".

Publication Facebook de UNILAD
Publication Facebook de UNILAD © BFMTV.com

Une fausse traversée de la Norvège

Si l’on se contente de juger leur efficacité en termes d’audience, ces pratiques portent leurs fruits. En quelques heures, la vidéo d’Interestinate a accumulé près de 7 millions de vues. Des scores qui s’expliquent par la volonté du réseau social de promouvoir son service de vidéo en direct, baptisé Facebook Live.

Ainsi, les fans d’une page reçoivent une notification à chaque diffusion en direct, ce qui n’est pas le cas lors de la publication d’une vidéo "classique". Un coup de pouce qui incite les éditeurs à faire basculer leurs contenus dans cette catégorie. Selon Facebook, les vidéos en direct génèrent dix fois plus de commentaires que les autres.

En France, MinuteBuzz s’est également livré à l’exercice. Le 24 octobre, le média - qui ne mise que sur les réseaux sociaux depuis la fermeture de son site Web - a utilisé Facebook Live pour partager les images d’un trajet en train "en direct des plaines norvégiennes [...]. De Bergen à Oslo". Après quelques recherches, on s’aperçoit qu’il s’agit en réalité d’une vidéo disponible sur YouTube depuis 2012.

A gauche, la publication de MinuteBuzz, à droite, la vidéo disponible sur YouTube
A gauche, la publication de MinuteBuzz, à droite, la vidéo disponible sur YouTube © BFMTV.com

Après la diffusion, MinuteBuzz a décidé de supprimer la vidéo sans que l’on puisse déterminer s’il s’agit d’une volonté de mettre une croix sur cette publication ou d’un simple constat d’échec en termes d’audience. Au fait d’induire en erreur les lecteurs/spectateurs s’ajoute la question des droits d’auteur et de la rétribution des éditeurs du film original.

Facebook pourrait sévir

Parallèlement, les médias utilisent Facebook Live pour promouvoir d’autres contenus, comme des GIF ou… des comptes à rebours de plusieurs semaines pour patienter jusqu’à Noël. Une façon de générer de l’engagement et de la notoriété avec une capacité de production minimale.

En déployant Facebook Live au début de l’année, Facebook n’avait probablement pas anticipé ce type de détournements, moins prévisibles que les questions concernant la modération de la violence et des contenus explicites en direct. L’entreprise américaine confirme que ces usages vont à l’encontre de l’esprit de Facebook Live, bien qu’aucune mention ne les interdise. Pour le moment, aucune décision n’a été prise pour durcir les règles de diffusion.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co