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Vie numérique

Nicolas Sarkozy, le plus populaire des candidats sur le web

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Il y a un paradoxe Sarkozy. Sans réel programme numérique et mal à l’aise avec les nouvelles techno, l’ancien Président reste le candidat des Républicains le plus suivi sur le web.

En déplacement à Lyon le 12 mai dernier, Nicolas Sarkozy demande naïvement ce qu’est Le Bon Coin. Un chef d’entreprise vient de déclarer recruter grâce à ce site, parmi les plus populaires en France et leader des petites annonces en ligne.

Une sortie qui n’est pas sans rappeler l’embarras de Jacques Chirac demandant ce qu’est une souris d’ordinateur en 1996. De tous les candidats à la primaire des Républicains, Nicolas Sarkozy est sans doute le moins geek.

Le candidat républicain a déjà déçu sur le numérique

Né en 1955, c’est davantage un enfant de la télévision que d’Internet. Maire de Neuilly, député des Hauts-de-Seine, ministre du Budget ou de l’Intérieur et surtout Président de la République de 2007 à 2012, il a toujours pu compter sur son équipe pour le briefer sur les questions numériques. Mais sans vraiment s’approprier les usages et les thématiques. Il a même beaucoup déçu les entrepreneurs de la tech lors de son mandat présidentiel, alors qu’il avait suscité un énorme espoir grâce à une campagne de communication sur le web très moderne pour l’époque. Il avait même été interviewé par Loïc Lemeur, profitant du soutien du célèbre bloggeur. Mais ce qu’on retient essentiellement de son mandat, c’est l’instauration de la Hadopi, une autorité chargée notamment de lutter contre le piratage et qui reste aujourd’hui beaucoup décriée de par son inefficacité et l’argent qu’elle coûte.

Un programme techno minimaliste

Son programme 2017 ne comprend rien non plus qui pourrait redonner redorer son blason numérique. C’est même l’un des candidats à la primaire de la droite et du centre, avec Jean-François Copé, qui en parle le moins. Il propose, certes, de créer des incubateurs dans chaque campus, de soutenir davantage les auto-entrepreneurs et de copier le système anglais qui autorise la défiscalisation de 50% de l’argent investi dans une start-up par les business angels. Mais il a envoyé des signaux inquiétants à destination du monde de la tech.

Lors d’un discours à Marcq-en-Baroeul, le 21 septembre 2016, il a déclaré vouloir défendre "le monde ancien", menacé par "la concurrence déloyale" du "monde nouveau", comprenez l’économie collaborative qu’il ne semble donc pas vouloir accompagner... 

Influenceur sur Linkedin

Mais le paradoxe du cas Sarkozy, c’est de cumuler toutes ces casseroles numériques en restant malgré tout le plus populaire des candidats sur le web. Influenceur sur Linkedin, suivi par plus de 1,4 million de followers sur Twitter, Nicolas Sarkozy bénéficie de sa stature d’ancien Président de la France. Qui peut s’enorgueillir comme lui de voir ses messages retweetés 1000 fois ou likés des milliers de fois sur Facebook ?

Sa personnalité haute en couleurs suscite aussi davantage d’engagement et de commentaires sur le web. La société Digimind a ainsi comptabilisé près de 450 000 interactions (likes, partages, etc..) durant les 30 derniers jours de la campagne contre 361 000 pour François Fillon ou encore 176 000 pour Alain Juppé. C’est aussi celui qui publie le plus de contenus sur les réseaux sociaux. Son équipe a même fait le choix original de le rendre présent sur Snapchat, pour toucher une population plus jeune, et sur la plateforme de distribution audio en ligne Soundcloud, à la manière d’une web radio.

Il est aussi le seul à multiplier les vidéos où il s’adresse directement aux internautes, très à l’aise dans cet exercice.

Sa présence sur les réseaux sociaux : Facebook (1,2 million de followers), Twitter (1,4 million d’abonnés), Instagram, Youtube, Snapchat, Soundcloud.

Sa bourde numérique : l’application mobile Knockin, lancée à la rentrée par l’équipe de campagne de Sarkozy. Elle permet de géolocaliser les sympathisants du candidat afin de faciliter le porte-à-porte ciblé. La façon dont les données sont récoltées suscite aussitôt la polémique. La Cnil vient d’ouvrir une enquête.

Son coup d'éclat sur le web : Nicolas Sarkozy a rejoint Linkedin au mois de mars à l’invitation de la plateforme, désireuse de lui offrir le statut très prestigieux d’Influenceur Linkedin.