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Google veut lutter contre le racisme grâce à la data

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- - JUSTIN SULLIVAN GETTY IMAGES NORTH AMERICA AFP

La fondation du géant américain soutient des organisations caritatives qui collectent des données sur la justice américaine et réclament une réforme de ce système qui pénaliserait principalement les Noirs.

De Facebook à Microsoft, toutes les grandes firmes de la Tech consacrent des rapports annuels à la diversité de leurs employés. Mais de là à s’engager activement contre le racisme, il y a un grand pas que la holding Alphabet dans laquelle Google a été refondu, n’hésite plus franchir. Elle va consacrer 11,5 millions de dollars à la cause et veut contribuer à réformer le système de justice pénale américain qui serait particulièrement inégalitaire suivant la couleur de peau des prévenus.

Lancé en 2008, le projet philanthropique Google.org versait au départ des dons à des associations caritatives qui luttent contre la pauvreté ou encore soutiennent le développement durable. Tout a changé avec l’arrivée à sa tête en 2014 de l’Afro-américain Justin Steele, soutien du mouvement #BlackLivesMatter. Son credo? Contester le discours de l’infériorité raciale et de la différence grâce au numérique.

10 organisations soutenues

Sous son impulsion, Google.org a consacré plus de 5 millions de dollars au sujet depuis 2015. Une somme qui double aujourd’hui pour aider une dizaine d’organisations. "Les vidéos des policiers tirant sur des personnes désarmées de couleur ont fait prendre conscience à bon nombre d’entre nous du racisme envers les communautés noires et métisses. Mais nous n’avons pratiquement pas de données sur les comportements des policiers et les peines criminelles au niveau national", écrit dans un post Justin Steele. Or, on sait que les hommes noirs sont cinq fois plus condamnés en moyenne que les blancs aux Etats-Unis. Par, ailleurs, le pays connaît un taux d’incarcération extrêmement massif, presque digne d’un régime autoritaire. "Nous croyons que la data peut apporter une partie de la solution", souligne encore le responsable de Google.org.

Parmi les organisations défendues par la fondation, on compte le CPE (Center for Polincing Equity) qui a pour objectif de développer une base de données sur la justice à partir d’informations scientifiques, politiques et sociales. Sait-on, par exemple, que le taux moyen d’utilisation de la force lors d’une arrestation est 3,6 fois plus élevé avec un Noir plutôt qu’un Blanc? Il y a aussi Measures for Justice, une plateforme web qui compare la justice pénale par comté et propose des mesures pour améliorer la situation. Ou encore l’Institut W. Haywood Burns et Impact Justice qui se focalisent sur les mineurs. D’autres visent à développer la réinsertion des anciens détenus. Des ingénieurs de Google participeront bientôt de manière bénévole à toutes ces actions. Certains d'entre eux oeuvrent d'ailleurs déjà au sein du Black Google Network (BGN), un réseau communautaire afro-américaine interne à Google. Une facette peu connue du géant du web américain.

Amélie Charnay