Expérimentez les sensations d'un non-voyant grâce à la réalité virtuelle
La réalité virtuelle, ce n’est pas que du jeu vidéo. Après l’ouverture d’une première salle de cinéma dédiée à la VR à Paris, voici maintenant que les chaînes de télévision s’y intéressent. Pour le moment, il s’agit surtout d’Arte, qui a inauguré l’hiver dernier un nouveau combo documentaire classique + film en réalité virtuelle, à l'occasion d'une soirée thématique sur Philipe K. Dick. Bis repetita ce soir autour de l’écrivain et professeur de théologie britannique John Hull.
L'homme fut atteint de cécité à l’âge adulte et a enregistré le journal de sa métamorphose sur des cassettes à partir de 1981. C’est le récit de cette expérience que retrace le documentaire diffusé ce soir à 22h30 avec des comédiens interprétant les personnages qui ont vraiment existé, notamment Lambert Wilson dans le rôle principal. En parallèle, un film du même nom de 14 minutes est à télécharger sur la plateforme Oculus, en anglais ou en français. Un contenu à visionner uniquement avec un casque Gear VR. Autant dire toute de suite que les spectateurs ne seront pas légion : quelques milliers de personnes potentiellement. Mais l'initiative est hautement louable.
Une expérience sensorielle
Présenté au festival du film de Tribeca au mois de mai dernier, cette production a suscité l’enthousiasme des médias américains comme Motherboard qui n'a pas hésité pas à le qualifier d'"hypnotique".
L’idée de départ est, certes, excellente : plonger le spectateur dans la tête de John Hull en diffusant le vrai son de son journal de bord audio qu’il a tenu durant trois ans. Le contenu est divisé en six chapitres, correspondant chacun à un souvenir précis. Et les premières secondes sont clairement envoûtantes.
L’écran est noir, avec des effets visuels de scintillements et d’éblouissements. On distingue des silhouettes en mouvement, la forme d’un arbre ou le profil d’un oiseau. Une réussite esthétique soutenue par une spatialisation du son intelligente. Le bruit du vent, de la neige ou de la pluie prennent alors une résonance inattendue. Certaines scènes sont émouvantes, comme cette très belle séquence de concert dans une église. On se laisse aller uniquement aux sensations, en ayant le sentiment de comprendre un peu ce que peut ressentir un aveugle.
Le tout manque cependant cruellement d’interactivité. Il y a quelques esquisses de mouvement... mais qui avortent malheureusement en cours, comme cette invitation à nous glisser dans les pas de John Hull qui s'arrête trop vite. Il y a encore cette petite séance de tapotage du pavé tactile, déclenchant des rafales de vent. L'utilisateur n'est presque jamais convié à agir, alors qu'on aurait aimé éprouver les mêmes difficultés qu'un aveugle à s'orienter ou à saisir un objet. L'expérience tourne à la contemplation pure et finit par manquer de rythme. Dommage, mais l'expérience est novatrice et pleine de promesses.
Notes on Blindness, un film en réalité virtuelle d'Arte à télécharger sur la plateforme Oculus.