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Donald Trump veut garder la gouvernance d’Internet

Donald Trump le 21 septembre 2016

Donald Trump le 21 septembre 2016 - MANDEL NGAN / AFP

Le 1er octobre, l’ICANN, organisme de régulation des noms de domaine, doit se libérer de l’influence américaine. Mais ce n’est pas du goût du candidat républicain.

L’Internet libre est menacé par la volonté du Président (Obama, ndlr) de céder son contrôle à des intérêts internationaux, incluant ceux de pays comme la Chine ou la Russie qui pratiquent depuis longtemps la censure en ligne”. Les mots proviennent de Stephen Miller, en charge de la campagne de Donald Trump. Il fait allusion au futur transfert de pouvoirs de l’ICANN, organisme en charge de la gouvernance du Web, dont le siège est en Californie.

Déjà plusieurs reports

Depuis sa création en 1998, l’ICANN gère les noms de domaine, la fameuse "résolvabilité universelle". Cette structure veille à ce qu'il n'y ait qu'un seul domaine Facebook.com, afin de s'assurer que les Internautes se voient servir un seul et même site quand il saisisse ce nom et cette extension dans leur navigateur. L’institution californienne, qui fait office de régulateur du Web, est historiquement sous tutelle américaine. Mais en 2014, il a été décidé de transférer ses compétences pour aller vers un modèle multipartite, avec un organigramme international. Après plusieurs reports, l’échéance est fixée au 1er octobre prochain.

La prise de position de Donald Trump n’est pas une surprise. Depuis plusieurs mois, les sénateurs républicains cherchent à maintenir la mainmise américaine sur l’ICANN. Ils sont menés par Ted Cruz, ancien rival de Trump à la primaire républicaine. En plus de conforter les positions protectionnistes du candidat à la présidentielle US, l’idée est de parvenir à séduire les électeurs de Cruz.

Visuel mis en ligne sur le site de Ted Cruz
Visuel mis en ligne sur le site de Ted Cruz © BFMTV.com

Des conflits avec l’ICANN

L’argumentaire concernant la liberté d’expression a longtemps été utilisé par ceux qui refusent le transfert de responsabilités. Cependant, le but de l’ICANN est d’assurer l’unité du Net, son accessibilité et sa sécurité. L’organisme n’a aucune influence sur les contenus en eux-mêmes, dont la censure dans certains pays existe depuis des années.

Mais les décisions de l’ICANN ne sont pas pour autant d’une neutralité absolue. Il y a deux ans, il annonçait l’arrivée de nouvelles extensions de type .vin. De nombreux viticulteurs avaient regretté de ne pas avoir été consultés en priorité. Parmi eux, les producteurs de Champagne, une appellation d'origine contrôlée non reconnue par les Etats-Unis. Leur crainte était que des acteurs moins légitimes s’emparent de sites de type champagne.vin. Après un long bras de fer, un accord a été trouvé.

Pour les Américains, garder l’ICANN ne serait pas pour autant une bonne nouvelle. A moyen terme, d’autres puissances comme la Chine pourraient être tentées de créer leur propre système - ce qui existe déjà partiellement, mettant fin à un Internet unique et global. Et les premiers perdants pourraient être les géants américains comme Facebook et Google, qui auraient plus de mal à imposer leurs services. La semaine dernière, les deux entreprises écrivaient une lettre au congrès pour le convaincre de libérer l’ICANN de l’emprise américaine. On peut supposer que ce n’était pas pour les beaux yeux des internautes.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co