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Vie numérique

Des chercheurs chinois automatisent le délit de faciès

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En analysant des photos d’identité avec des algorithmes d’apprentissage automatique, deux scientifiques disent avoir dégagés des caractéristiques morphologiques spécifiques aux criminels.

Ceux qui pensent que le développement de l’intelligence artificielle n’est pas sans risque éthique vont se sentir confirmés dans leur jugement. Deux chercheurs chinois de l’université de Shanghai Jiao Tong viennent en effet de développer un système logiciel qui serait capable de détecter des personnes potentiellement criminelles simplement en analysant… une photo de leur visage. Et ce n’est pas une blague.

Pour ce faire, les scientifiques ont regroupé les photos d’identité de 1.856 personnes, dont 730 sont des criminels. Puis ils ont passé toutes ces images au crible d’une série d’algorithmes d’apprentissage automatique. Ce qui, au final, aurait permis de dégager certaines caractéristiques morphologiques communes à tous les visages de criminels analysés. En occurrence: la courbure de la lèvre supérieure, la distance entre les coins intérieurs des yeux et l’angle constitué par le nez et les coins extérieurs de la bouche.

Polémique sur le web

Inutile de dire que cette étude a immédiatement provoqué une vive polémique sur le web, et notamment sur le forum de Hacker News. Il faut dire que l’analyse de la morphologie humaine évoque de sombres souvenirs du 19e siècle, lorsque des pseudo-scientifiques ont pensé pouvoir déduire des traits de caractères simplement en analysant la taille et la forme d’un crâne. Regroupés sous le nom de "phrénologues", ils avaient notamment pour ambition de détecter les criminels parmi les hommes. Leurs théories ont finalement été abandonnées. Mais ce désir d’identification est visiblement resté, vu qu’il émerge à nouveau avec l’intelligence artificielle.

On n’ose imaginer ce que pourrait donner une mise en application d’un tel algorithme dans un monde bardé de caméras de surveillance à chaque coin de rue. Ce serait un délit de faciès au niveau industriel. Mais aussi, sans doute, une aubaine pour les chirurgiens esthétiques.