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Cybersécurité

Un Américain sur deux est fiché dans une base de reconnaissance faciale

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- - Georgetown Law

Un rapport révèle l'usage massif et sauvage des technologies biométriques par les forces de l'ordre aux Etats-Unis.

Les technologies biométriques sont en train de considérablement changer la vie privée des citoyens américains. Une étude de 150 pages réalisée par le Centre de technologie et vie privée de l'université de droit de Georgetown montre que les forces de l'ordre font un usage massif des technologies de reconnaissance faciale, et cela sans aucun contrôle. Résultat: la moitié des Américains est désormais fichée dans des bases de données utilisées au quotidien par le FBI ou les polices locales dans le cadre de leurs enquêtes.

Ces bases s'appuient sur deux principales sources: les photos réalisées lors d'arrestations et… les photos des permis de conduire. L'intégration de ces données se fait en dehors de tout cadre légal, car malheureusement il n'en existe pas dans ce pays. Un grand nombre de personnes totalement innocentes se retrouvent donc impliquées sans le savoir dans des séances d'identification virtuelle, avec le risque d'être accusés à tort. En effet, les technologies de reconnaissance faciale sont loin d'être infaillibles. Le taux d'erreur est même particulièrement élevé pour les personnes de couleur.

Etats et villes dont les forces de l'ordre utilisent la reconnaissance faciale
Etats et villes dont les forces de l'ordre utilisent la reconnaissance faciale © Georgetown Law

Reconnaissance en temps réel

Mais il y a encore pire côté Big Brother. Certaines polices locales s'appuient ou comptent s'appuyer sur des systèmes de vidéosurveillance pour réaliser en temps réel des recherches d'individus par reconnaissance faciale. Plusieurs fournisseurs proposent ce type de produits, dont NEC, Cognitec, 3M Cogent ou Safran. Seule la police de Los Angeles a publiquement annoncé l'usage de ce type de technologie. Cinq autres départements de police ont acheté des produits de reconnaissance faciale temps réel ou sont en passe de le faire. Mais il n'y a pas que les Etats-Unis qui sont attirés par cette technologie. Depuis mai 2016, le fournisseur N-Tech l'expérimente à Moscou, sur un réseau de 10.000 caméras de surveillance. La fiction du film Minority Report est en train de devenir réalité.

Au final, les auteurs du rapport ne souhaitent pas interdire la reconnaissance faciale mais font une série de recommandations permettant de mieux encadrer l'usage de cette technologie afin de protéger la vie privée des citoyens. A ce titre, ils ont accompagné leur rapport d'un texte législatif qui pourrait servir de base à un projet de loi.