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Crue à Paris: pourquoi les capteurs ont sous-estimé le niveau de la Seine

Le zouave du pont de l'Alma

Le zouave du pont de l'Alma - Bertrand Guay AFP

Pendant plusieurs heures ce vendredi, le pic de crue de la Seine a été sous-estimé. L'erreur n'était pas humaine mais liée à un "incident technique".

D’abord annoncée entre 5,30 et 5,90 mètres jusqu’à ce vendredi à midi, le pic de la crue de la Seine a ensuite été revu à la hausse à une hauteur entre 6,30 et 6,50 mètres. Une différence de taille! Pour établir leurs prévisions de crues, les hydrologues se fondent sur les précipitations annoncées et observées par Météo France ainsi que sur les mesures de débit des cours d’eau. Lequel de ces éléments a donc failli?

La responsabilité de Météo France a très vite été écartée, ses prévisions s’étant avérées correctes. En fait, si le pic de crue a été sous-estimé pendant plusieurs heures, c’est à cause de deux petits capteurs, les seuls à mesurer la Seine à Paris, que des déchets ont probablement aveuglés.

Des relevés trompeurs

C’est dans la soirée du 2 juin que l'unique station de mesure de la Seine à Paris, installée au pont d'Austerlitz, a commencé à cafouiller, en sous-évaluant le niveau de la crue d'une trentaine de centimètres. Ses deux capteurs ont toute la nuit envoyé leurs relevés automatiques trompeurs.

Le ministère de l'Environnement est donc resté jusqu'à vendredi midi sur une prévision de pic en dessous de la réalité. L'erreur n'a été détectée que vendredi matin. C’est en comparant les chiffres avec des mesures en amont et en aval de la capitale que les analystes se sont rendus compte d’un écart qui "paraissait bizarre", a raconté Jérôme Goellner, directeur de la Direction régionale de l'Environnement.

"Nous sommes passés jeudi soir, tout fonctionnait. C'est vendredi matin qu'on a vu l'écart, explique Bruno Janet, chef du pôle de modélisation de Vigicrues. Nous n'avons qu'une seule station à Paris car des mesures dans un autre endroit de la Seine ne présenterait pas de gros écart. "

Un homme a, pour une fois, remplacée la machine

Aussitôt, un opérateur manuel a pris le relais. "Suite à un problème technique depuis le 2 juin à 23 heures, indique Vigicrues sur son site, les données à la station automatique d’Austerlitz ne sont plus disponibles. Depuis le 3 juin, les hauteurs sont saisies à partir d’une lecture de l’échelle par un observateur." C’est donc à l'oeil qu’un employé surveille le niveau de l'eau, centimètre par centimètre, même si c'est "un peu moins fiable" que les boîtiers.

"Nous avons dans toute la France 1.500 de ces boîtiers, gros comme des compteurs EDF, équipés d'un capteur et d'un petit ordinateur qui envoient régulièrement les données", précise Bruno Janet. Mais ils sont soumis à rude épreuve, car ils se trouvent dans le lit de cours d'eau en crues violentes, avec aussi de grosses variations de températures".

Même s'ils sont placés dans des puits pour être protégés de l'impact des matériaux charriés par les eaux, ce sont probablement des débris qui les ont bloqués, estime-t-il. "Le puits s'est-il bouché? On ne peut pas encore y aller car c'est trop dangereux. On ne connaîtra la cause de la panne qu'à la décrue."

Cécile BOLESSE, avec AFP