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Un Waze iranien pour déjouer la police religieuse

L'application iranienne Gershad permet de signaler les patrouilles de la police iranienne.

L'application iranienne Gershad permet de signaler les patrouilles de la police iranienne. - Gershad

L’application Gershad permettait de signaler les patrouilles de la police des mœurs dans les principales villes du pays. Et d’emprunter ainsi d’autres chemins pour les éviter. Elle a été bloquée mardi par les autorités iraniennes.

Ce ne sont pas les radars et les forces de l’ordre que les Iraniens cherchent à éviter dans leurs rues, mais la police religieuse, appelé Gasht e Ershad, qui veut dire littéralement « police de la vertu » en Persan.

L’application gratuite Gershad, jeu de mot autour de Ershad et Gerdesh kon qui signifie contourner, a été lancée le 9 février dernier sur le Play Store, reprend le même principe que Waze. Elle présente les cartes de villes les plus importantes du pays. Ses utilisateurs signalent des patrouilles avec un marqueur chaque fois qu’ils en croisent. Ce qui permet d’établir un panorama en temps réel de leur déploiement et d’éviter aux autres de les croiser en empruntant des itinéraires bis.

Un jour après son lancement, Gershad comptait un millier de téléchargements. Mais les autorités l'ont depuis bloquée. Le site Foreign Policy affirme cependant que ses développeurs travaillent à contourner la cyber-censure pour la proposer de nouveau aux Iraniens.

Femmes « mal voilées », coupes de cheveux « sataniques » pour les hommes, la police iranienne réprime tous ceux qui osent adopter des codes vestimentaires jugés trop occidentaux. Après l’élection du président Hassan Rohani en juin 2013, une certaine tolérance avait pourtant permis aux jeunes de prendre des libertés avec la loi islamique de 1979 qui oblige notamment les femmes à porter le hijab. Un assouplissement qui avait duré peu de temps, avant que la police des mœurs ne redouble de zèle.

L’application Gershad dispose d’un compte sur Twitter et sur Telegram. Si elle refait surface, son efficacité dépendra du nombre d’utilisateurs. Et de ceux qui prendront le risque d'être repérés par les services informatiques aux mains du pouvoir...

Amélie Charnay