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On peut évaluer la santé de ses poumons en un coup de fil (et sans parler)

L'application SpiroSmart développée par l'Université de Washington

L'application SpiroSmart développée par l'Université de Washington - University of Washington Computer Science & Engineering

Une équipe de recherche a mis au point un algorithme permettant de détecter des maladies pulmonaires par téléphone.

Après quatre ans de travail, des chercheurs de l’Université de Washington sont peut-être à l’origine d’une avancée médicale et technologique qui pourrait sauver des vies. Avec SpiroCall, toute personne en possession d’un téléphone peut mesurer le bon fonctionnement de ses poumons. Pour ce faire, il suffit de composer un numéro et de souffler dans le combiné.

Des résultats fiables

Grâce au micro de l’appareil, le son est envoyé à un serveur et décrypté par un algorithme qui en déduit la qualité du souffle et la pression de l’air au moment de l’expiration. Quelques secondes plus tard, SpiroCall envoie un SMS contenant les résultats. Malgré la simplicité de la démarche, les données sont fiables.

Des tests ont été effectués sur 4.000 patients. En moyenne, les écarts entre les chiffres provenant d’un matériel médical utilisé en clinique et SpiroCall sont inférieurs à 6,2%, rentrant ainsi dans les critères de fiabilité de l’American Thoracic Society, pour qui le différentiel entre deux appareils ne doit pas dépasser les 10%.

Cette technologie pourrait potentiellement changer le quotidien de millions de personnes. Dans le monde, les maladies pulmonaires sont parmi les plus invalidantes et mortelles. Hormis le cancer du poumon, l’asthme, la mucoviscidose ou encore la bronchopneumopathie chronique obstructive (4ème cause de mortalité aux États-Unis) sont en première ligne. Au total, ces affections sont responsables d’un mort sur dix dans le monde.

Pour les populations les plus isolées

Mais les centres de soins ne sont pas toujours accessibles, notamment dans les pays en développement. Par ailleurs, un spiromètre - appareil permettant de mesurer le volume d’air expiré - coûte plusieurs centaines d’euros. Initialement, l’idée des chercheurs était de mettre au point une application baptisée SpiroSmart. Mais 85% de la population mondiale n’a pas accès à un smartphone. Le seul capteur indispensable étant le microphone, l’adaptation à tous les téléphones était donc possible.

Sans pour autant remplacer un médecin, SpiroCall permet de dresser un premier bilan de sa condition pulmonaire, ou encore d’assurer un suivi plus régulier d’une affection chronique. Pour ceux dont les cordes vocales sont très dégradées, un sifflet imprimé en 3D a également été mis au point. Il permet d’obtenir un son suffisamment distinct pour être exploité par téléphone.

Pour la suite, l’équipe souhaite développer la manière de communiquer avec les patients. Il ne lui reste désormais qu’à se faire connaître, jusque dans les zones les plus reculées.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co