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Facebook veut redoubler d'efforts contre les contenus djihadistes

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- - AFP

L'initiatrice d'une pétition signée par 147.000 personnes a été reçue par les équipes de Facebook. Celles-ci s'engagent à faire plus pour lutter contre la propagande djihadiste.

Signée par 147.000 personnes, une pétition lancée par une jeune Française, Julie Guibault, a récemment demandé à Facebook de mettre en place de réels outils pour bloquer les comptes faisant l’apologie du terrorisme. La jeune femme jugeait que la politique de modération du réseau social était "absurde" puisqu'elle censurait plus rapidement le tableau LOrigine du monde qu’une scène de décapitation. Le succès de cette pétition a poussé Facebook, sous la plume de Monika Bickert, directrice mondiale de la politique de gestion des contenus du site, à répondre à l'initiatrice du projet, puis à la rencontrer ce 14 décembre 2015.

"Votre appel alimente notre réflexion, ces signatures ne resteront pas sur un bureau", lui a déclaré le réseau social. Les équipes en charge de la politique de gestion des contenus ont également affirmé qu’elles restaient "mobilisées" sur le sujet et qu’elles "travaillaient à faire plus pour lutter contre les contenus djihadistes".

"Ils ont été attentifs, bienveillants et ont montré qu’ils avaient envie de s’engager", a indiqué Julie Guibault à l’issue de cet entretien qui lui a permis de faire des propositions concrètes. Elle a en effet suggéré au réseau social "d’accélérer et d’affiner le processus de modération, pour que les contenus de propagande soient supprimés plus rapidement". Elle a également proposé de créer un laboratoire d'expérimentation à Paris qui pourrait être précurseur dans le domaine. "L’idée serait d’associer les équipes de Facebook avec des experts du sujet, des juristes, mais aussi des 'super utilisateurs', notamment les 'groupes d’auto-défense' qui sont déjà très actifs pour signaler des comptes problématiques et des contenus hors charte (...) pour trouver des solutions efficaces et concrètes." Facebook s’est engagé à étudier ces propositions et à proposer des actions concrètes. Mais on ne sait pas dans quel délai.

La semaine dernière, Monika Bickert assurait que les équipes du site avaient été "pleinement mobilisées" après les événements du mois de novembre et que Facebook était en relation avec les représentants du gouvernement, des ONG et les médias pour faire en sorte d’agir rapidement. Elle rappelait aussi que, selon les standards de communauté, "les terroristes, leur propagande et ceux qui en font l’apologie n’ont pas leur place sur Facebook".

Mais la modération d’un tel site est "un travail complexe, poursuivait-elle, et nous sommes constamment à la recherche de moyens pour améliorer notre réactivité". Cela dit, tous les contenus choquants ne sont pas forcément retirés, ce que dénoncent les pétitionnaires.

On peut choquer pour dénoncer

Pour Monika Bickert, Facebook fait une distinction entre l’utilisation de tels contenus à des fins de propagande et leur partage pour dénoncer l’horreur. "Si Facebook bloquait l'ensemble des contenus choquants, nous empêcherions les médias, les institutions caritatives et d'autres acteurs de témoigner et raconter ce qui se passe dans le monde pour inciter au changement et soutenir les victimes. Pour cette raison, dans certains cas, nous donnons la possibilité à nos utilisateurs de commenter ce type d’événement et de partager certaines photos violentes ou choquantes, à l’unique condition qu’ils expriment clairement une volonté de sensibiliser les gens et de condamner la violence."

Cécile BOLESSE