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 Comment Facebook a choisi les emojis qui complètent le bouton Like

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- - Lionel Bonaventure - AFP

Réclamée de longue date par ses utilisateurs, la nouvelle palette de sentiments lancée mercredi pour réagir sur le réseau social a été mûrement réfléchie. Explications.

Facebook vient enfin de lancer une extension au fameux bouton "Like". Cinq sentiments de plus pour réagir à un statut sur le réseau social : "J’adore", "Haha", "Waouh", "Triste" et "Grr" avec des émoticônes associées. Techniquement, cette nouvelle fonctionnalité "Réactions" ne représentait aucune difficulté à implémenter. Pourtant, le projet a été l’objet de toutes les attentions de Mark Zuckerberg et a été longuement réfléchi.

Facebook lance la fonctionnalité Réactions.
Facebook lance la fonctionnalité Réactions. © Facebook

L’idée s’est imposée il y a plus d’un an. Après beaucoup de résistances et son refus catégorique de concéder un bouton "Je n’aime pas" aux abonnés qui le réclamaient -trop négatif-, le patron de Facebook s’est résolu à élargir la palette de réactions au-delà du "Like". Il a commencé par réunir plusieurs directeurs du design telles que Julie Zhuo ou Geoff Teehan, comme le rapporte Wired.

Sa décision a d'abord été motivée par le fait qu’une majorité d’internautes se connectent désormais à Facebook depuis leur mobile. Et sur un smartphone, les gens n’ont pas envie de prendre le temps et la peine de nuancer leur réaction dans les commentaires. D’où le besoin d’un outil simple et rapide pour réagir. Les émoticônes sont alors apparues comme la meilleure des solutions. Encore fallait-il choisir lesquelles, sachant que les options proposées devaient être limitées pour ne pas perdre l’utilisateur.

Les brouillons d'émoticônes passés en revue par Facebook avant de faire son choix.
Les brouillons d'émoticônes passés en revue par Facebook avant de faire son choix. © Facebook/Wired

Pour y parvenir, Julie Zhuo a carrément fait appel au professeur de psychologie sociale de l’Université de Berkeley Dacher Keltner, qui avait déjà travaillé avec Facebook sur l’implémentation de stickers dans Messenger. Il a fourni une base d’une vingtaine d’emojis censés balayer toute l'amplitude des émotions humaines. Facebook a ensuite étudié quels sentiments étaient le plus souvent exprimés dans ses pages en scrutant autocollants, commentaires et emojis.

En tête de liste, c’est l'amour qui est ressorti , suivi de l’humour, de la tristesse et de l’état de choc. Ce qui paraissait redondant, comme la sympathie, la joie, le "yay" avec les deux pouces levés a été ensuite supprimé. Enfin, le résultat esthétique devait être expressif et compréhensible immédiatement et de façon universelle. 

La disposition adoptée par Facebook pour faire apparaître les nouveaux boutons.
La disposition adoptée par Facebook pour faire apparaître les nouveaux boutons. © 01net

Pour ne pas prendre de place sur l’espace consacré aux boutons "commenter" et "partager", il a été décidé de tout dérouler sous le bouton J'aime, comme on peut le voir ci-dessus. Il a fallu enfin trouver un moyen de rendre lisible l’ensemble des réactions d’un seul coup d’œil. Voilà pourquoi seules les trois émoticônes les plus utilisées par vos amis sont donc présentés. Mais on peut afficher toutes les réactions avec des statistiques en cliquant dessus.

Le seul regret de Keltner, c’est de ne pas avoir réussi à imposer des sons accompagnant les émoticônes. Ce sera peut-être la prochaine étape.

Mais Facebook ne s’est pas contenté de faire plaisir à ses internautes. Le réseau social réalise là une très bonne affaire en engageant davantage ses utilisateurs, tout en collectant des données encore plus fines sur eux, données qui seront monnayables auprès des annonceurs. Malin.

Amélie Charnay