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L'Otan peut désormais faire la guerre dans le cyberespace

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L'alliance militaire reconnaît le cyberespace comme un nouveau theâtre d'opérations. Les pays membres vont donc pouvoir intégrer le combat numérique aux autres formes de combats.

La militarisation d'Internet vient de franchir une nouvelle étape. Les ministres de la Défense de l'Otan ont formellement désigné mardi le cyberespace comme un nouveau théâtre d'opérations, au même titre que la mer, les airs ou la terre, ce qui implique de mieux organiser collectivement sa défense contre une attaque. "La plupart des crises (sécuritaires) ont aujourd'hui une dimension relevant du cyberespace", a expliqué le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. "Donc faire du cyber un domaine opérationnel nous permettra de mieux protéger nos missions et opérations", a ajouté M. Stoltenberg, au premier jour d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan à Bruxelles.

Concrètement, cela veut dire que l'alliance militaire pourra désormais intégrer l'espace cyber dans l'ensemble de sa planification tactique et stratégique, ainsi qu'au niveau de ses exercices militaires. "A partir du moment où l'Otan reconnaît l'espace numérique comme un domaine opérationnel à part entière, cela va déclencher toute une succession de travaux entre militaires pour arriver à définir des processus communs. L'Otan devrait tenir, dans ce cadre-là, son rôle de magnifique machine d'interopérabilité en définissant les procédures permettant d'intégrer le combat numérique aux autres formes de combat", a précisé il y a quelques jours le vice-amiral Arnaud Coustillière, officier général Cyberdéfense, à l'occasion de la conférence Cyberdef-Cybersec 2016.

Le cyberespace relève déjà de l'article 5

Les 28 pays de l'Alliance avaient déjà décidé, lors de leur sommet au Pays de Galles en septembre 2014, de renforcer leurs réseaux informatiques et réseaux de communication militaire, constatant que "les cybermenaces et les cyberattaques continueront de se faire de plus en plus fréquentes, sophistiquées et potentiellement dommageables". Ils avaient notamment prévu qu'une attaque de ce type puisse relever de l'article 5 du Traité de Washington, qui prévoit une réponse collective des 28 Alliés à l'agression de l'un des leurs, "car une cyberattaque peut causer beaucoup de dommages et se révéler très dangereuse", a souligné le chef de l'Otan.

L'Alliance veut protéger ses réseaux pour éviter les failles qui permettraient à des hackers d'infiltrer toute l'infrastructure technologique militaire des pays de l'Otan, dont les quartiers généraux sont interconnectés et le siège souvent visé, mais aussi renforcer ses capacités à déterminer l'origine des attaques et l'identité des assaillants, a ajouté M. Stoltenberg.

L'Otan développe par ailleurs une coopération sans précédent avec l'Union européenne pour contrer ce qu'elle désigne comme des tactiques de guerre "hybrides", à cheval sur les domaines militaire et civil, dans des secteurs aussi divers que l'énergie, les technologies, l'information ou l'utilisation de forces spéciales agissant sans insigne comme cela fut le cas pour l'annexion russe de la Crimée en 2014. Les cyberattaques, qui ont encore gagné en intensité depuis le début de la crise ukrainienne et avec l'émergence de groupes jihadistes comme l'Etat islamique (EI), très actifs sur internet, font partie de ces "menaces hybrides".