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Impression 3D: "Il faut qu'on se mette autour d'une table"

Une imprimante 3D imprimant une petite tortue.

Une imprimante 3D imprimant une petite tortue. - -

Le député UMP François Cornut-Gentillé a adressé à Arnaud Montebourg une question écrite à propos de l'impression 3D, une évolution technologique qu'il juge majeure mais potentiellement dangereuse. Répondant aux questions de BFMTV.com, il juge qu'une grande réflexion devrait être lancée pour l'encadrer.

Ce 16 juillet, le député UMP de Haute-Marne François Cornut-Gentillé a adressé une question écrite au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, dans laquelle il s'émeut des risques que peut impliquer le développement de l'impression 3D pour le grand public. Une question qui a reçu un écho dans la presse spécialisée, quitte à critiquer le choix des mots employés.

Cette technologie permet, depuis un plan sous forme de fichier numérique, "d'imprimer", soit de créer un objet en trois dimensions à la maison.

La question posée à Arnaud Montebourg précise: "Ces imprimantes permettent en effet à son utilisateur de reproduire tout type de petit objet, du jouet à la pièce de rechange d'appareils d'électro-ménager, sans aucun droit de propriété et à moindre frais, pour peu qu'il trouve sur internet les plans de celui-ci. La prolifération de sites de téléchargement de ce genre de fichier est à craindre dans les années à venir ; elle risquerait, à terme, d'engendrer des effets aussi néfastes pour l'industrie que ceux que connaissent actuellement les secteurs de la musique et du cinéma."

Le député revient pour BFMTV.com sur les raisons qui l'ont poussé à se saisir de cette question.

Certains voient dans les imprimantes 3D une véritable révolution, mais dans votre question, on lit une certaine crainte. Pourquoi?

Je crains qu'on ne se laisse dépasser par les événements. Je ne suis ni dans l'admiration béate, ni dans la peur. Ce que je dis, c'est que cette technologie crée une situation inédite et qu'il est bon d'y réfléchir avant d'en subir les conséquences.

Je pressens que cela ouvre des possibilités très grandes. On est face à des évolutions technologiques qui vont sans doute apporter beaucoup de possibilités nouvelles. Est-ce qu'on en a bien mesuré les conséquences, ne devrions-nous pas anticiper plutôt que subir? Je ne suis pas un acharné de la coercition, je ne suis pas du tout sur cette ligne. Mais il faut bien évaluer les enjeux en amont, un cadrage est, je pense, nécessaire.

Quel est le rapport avec les industries de la musique et du cinéma?

Je suis conscient que ce n'est pas du tout la même chose que ce qui s'est passé avec la musique et le cinéma, on ne parle pas des mêmes produits. Mais j'ai fait le parallèle car c'est le même risque: on s'est complètement laissé déborder, sans y avoir réfléchi. On doit pouvoir anticiper plutôt que subir.

On est face à un grand progrès technique, il n'est pas question de le brider. La loi ne doit pas être toute puissante ni briser ces projets mais elle doit les accompagner pour que qu'ils ne soient pas déstabilisants.

Comment se prémunir de ces dangers? Consulterez-vous les utilisateurs?

Je n'ai pas de proposition personnelle à présenter mais il faut qu'avec des industriels, des politiques, et des utilisateurs, on se mette autour d'une table pour y réfléchir.

Et oui, il faut absolument impliquer les utilisateurs. On voit bien que tout ce qui a été fait en matière culturelle les a négligé, alors que c'est une parole importante. Je voudrais qu'on sorte d'une approche manichéenne de tout cela, ce qui implique de rencontrer les utilisateurs et de poser des questions politiques.

Avec cette question, je vais voir comment les pouvoirs publics et les utilisateurs réagissent. Je suis disponible pour voir ce qu'on peut faire mais je ne peux pas le faire tout seul. L'idéal serait de mettre en place une mission d'information parlementaire, pour travailler dans tous les secteurs et éclairer le sujet.

Ce n'est pas une question partisane, on a intérêt à y réfléchir de façon transversale. On est là au cœur de problématiques très contemporaines, y compris sur le rôle du politique dans la société.

Olivier Laffargue