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Facebook va-t-il proposer une connexion mobile gratuite aux Etats-Unis ?

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- - Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF - Image Flickr

L’appli Free Basics, qui offre gratuitement des services internet de base dans les pays émergents, pourrait être lancée aux Etats-Unis. Mark Zuckerberg serait en train de négocier le soutien de la Maison Blanche.

Connecter la planète, c’est le mantra de Facebook avec sa fondation Internet.org et son application mobile Free Basics, qui ciblait spécifiquement jusqu’à présent les pays en voie de développement. Mais, surprise, l’opération pourrait être étendue bien au-delà et notamment aux Etats-Unis.

Free Basics est disponible actuellement dans 49 pays d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie et offre une sélection à des services pratiques (emploi, santé, informations) grâce à des partenariats avec des opérateurs locaux. Selon le Washington Post, Facebook envisagerait de déployer Free Basics outre-Atlantique à destination d’un public pauvre et rural. Pour le moment, on ignore quels seraient les contenus disponibles et comment l’appli pourrait être circonscrite à une population bien définie.

La neutralité du net remise en question

Mais l’idée a de quoi inquiéter. Les partisans de Facebook diront que son application permet de connecter des personnes jusque-là exclues d’Internet. Mais son existence même est une entorse flagrante à la neutralité du net.

Free Basics repose en effet sur le principe du zero rating qui consiste à ne pas décompter pas du forfait data des abonnés l’utilisation de certains services. Une pratique polémique : le gendarme européen des télécoms a décidé clairement d'encadrer et de limiter cette pratique pour éviter qu’elle ne renforce le poids d’acteurs déjà leaders sur leur marché. Quant aux associations de défense des libertés, elles dénoncent le rôle de prescripteur de Facebook qui impose aux internautes mobiles le contenu et les services consultés. Ce qui est selon eux une forme de censure déguisée.

Pour faire bonne figure, Facebook a ouvert son API à tous les éditeurs et développeurs tiers qui le désirent. Mais les contenus gratuits sont toujours le fruit d'une sélection. C'est la raison pour laquelle l'Inde a interdit Free Basics sur son sol. Facebook aimerait donc bien éviter de reproduire ce fiasco. D'où son intense lobbying auprès de la Maison blanche depuis le printemps et sa tentative pour s'allier à des opérateurs locaux mineurs. En les appâtant avec un modèle freemium : la moitié des utilisateurs de Free Basics finit en effet par souscrire à des services payants une fois qu’ils ont goûté durant plus d’un mois à l’internet mobile. Pas sûr que cela suffise pour réussir ce coup de force.

Amélie Charnay