Tech&Co
Vie numérique

Berné par de fausses informations, Facebook active son Safety Check 

-

- - Facebook

La fonctionnalité qui permet de signaler à ses amis qu'on est sécurité après un événement grave n'est plus activée par les équipes de Facebook, mais par des algorithmes. Et ces derniers ont été dupés par de faux articles évoquant une "explosion" à Bangkok.

Facebook est à son tour victime de la désinformation qui pullule sur son réseau social. Ce mardi 27 décembre, Facebook a activé son Safety Check, (ou contrôle d’absence de danger), à Bangkok, sur la base de fausses informations qui évoquaient une explosion dans la capitale thaïlandaise.

La fonction Safety Check existe depuis 2014 et permet lors d’événements comme une catastrophe naturelle ou un attentat de prévenir ses proches que l’on est en sécurité, et de s’assurer qu’ils le sont aussi. Tous ceux qui se trouvent dans la zone géographique de l'événement reçoivent une notification les enjoignant à donner de leurs nouvelles.

Un déclenchement automatique

Auparavant, le Safety Check était déclenché manuellement par les équipes de Facebok. Mais l’entreprise a été critiquée pour son activation sélective de cette fonctionnalité: le Safety Check a ainsi été déclenché lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, mais pas la veille, à Beyrouth, après un double attentat à la bombe.

Pour corriger ce biais, Facebook a donc confié l’activation du Safety Check à des algorithmes: la fonction s’active automatiquement lorsqu’un sujet évoquant un danger est largement débattu sur le réseau social. Le Safety Check commence alors à envoyer des notifications aux utilisateurs. Il peut disparaître si la plupart d’entre eux ignore la notification, ce qui indiquerait que l'événement en cours n’est pas si critique.

Ce n’est manifestement pas ce qui s’est passé en Thaïlande. Comme le montre la capture d’écran prise par un journaliste en poste à Bangkok: le Safety Check a justifié la véracité de l’explosion en affichant un lien vers une source tout sauf fiable. Ce lien pointe vers bangkokinformer.com, un faux site d’information qui reprend le même titre et la même illustration qu’une vidéo de la BBC au sujet d’un véritable attentat survenu l’année dernière à Bangkok.

L'"explosion" n'était qu'un jet de pétards

Facebook s’est défendu en assurant que le Safety Check avait été déclenché après une explosion, et que les faits avaient été vérifiés par "un tiers de confiance" comme c'est toujours le cas avant d'activer cette fonctionnalité. L’entreprise s'est également appuyée sur des articles de la presse locale pour monter que l'information était vérifiée. Mais comme l’explique le Bangkok Post, l'un des médias cités par Facebook, aucun des articles en question ne mentionne une explosion: ils racontent qu’un homme a grimpé sur un toit près du bâtiment où se réunit le gouvernement thaïlandais et a jeté des "pétards géants" dans sa direction. Pas de quoi déclencher un Safety Check.

Voir Facebook berné par de fausses informations est assez ironique. Car depuis l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, l’entreprise est critiquée pour son inaction face à la propagation de fausses informations sur son réseau social. Cette erreur montre l’immense travail qu'il reste à accomplir pour expurger la désinformation de Facebook. Le site a bien déployé des outils allant dans ce sens ce mois-ci, mais uniquement aux Etats-Unis.

Jamal El Hassani