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Un jour, des nanorobots contrôlés par champ magnétique pourraient aider à soigner le cancer

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- - J. Rahmer and B. Gleich/Philips Research

Des chercheurs travaillent à contrôler des nanorobots qui seraient implantés dans un corps humain par le biais de champs magnétiques. Une technique qui pourrait permettre de mieux cibler des soins.

Voilà des années que les scientifiques réfléchissent à de minuscules robots médecins, qui pourraient pénétrer notre organisme pour nous aider à guérir. Mais au delà du challenge de la miniaturisation, il y a celui du contrôle de ces nanorobots dans notre corps.

Pour cela, deux options: les munir d’un moteur et d’un outil de navigation... Ce qui est éminemment compliqué. Ou alors utiliser des champs magnétiques pour les diriger avec des aimants, à travers la peau. Une technique bien moins invasive, mais qui pose un problème : s’il y a plusieurs robots, il est très difficile de les contrôler séparément.

C’est pourtant ce que cherchent à réaliser une équipe de chercheurs allemands. Evidemment, ces scientifiques n’ont pas lâché une flotte de nanorobots dans un être humain. Mais sont tout de même parvenus à un excellent résultat... en parvenant à contrôler les différents membres d'un petit robot, tous maintenus par des vis magnétiques de 3 mm.

Pour cela, il ont placé le robot dans un générateur de champ magnétique et lui ont appliqué un second champ magnétique rotatif, celui-ci. Les vis magnétiques du petit robot, soumises à ces deux champs ont alors pivoté. En modulant les différents champs, les scientifiques ont pu faire bouger indépendamment certaines parties du robot, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous.

Dans leurs expérimentations, les scientifiques ont ainsi pu leur faire prendre différentes directions à cinq éléments de leur robot avec une grande précision. Mais d’après leurs calculs, il serait possible avec cette technologie de contrôler des centaines d’éléments microscopiques.

Mieux cibler l'action des médicaments

"Notre méthode va permettre des manipulations complexes au sein du corps humain", a indiqué l’auteur de cette étude publiée dans Science Robotics, Jürgen Rahmer, physicien au Philips Innovative Technology à Hambourg (Allemagne). Une des applications envisagées pourraient être la délivrance ciblée de substances médicamenteuses par ces essaims de nanocomposants.

Les médecins pourraient utiliser les champs magnétiques pour faire tourner ces composants sur eux-mêmes afin qu’ils libèrent le médicament uniquement lorsqu’ils sont face à une cellule cancéreuse, ont exposé les scientifiques. Cela permettrait de mieux cibler l’action des produits et de réduire les pénibles effets secondaires des traitements actuels.

Un autre usage pourrait être celui d’éléments capables de changer de forme au fil du temps. On peut ainsi imaginer un implant qui s’adapterait à l’évolution du patient, a ajouté Jürgen Rahmer. En orthopédie, ce type d’implant pourrait servir dans les processus d’allongement osseux par exemple.

Pour poursuivre dans cette voie, les chercheurs envisagent de réaliser des générateurs de champs magnétiques plus compacts et vont chercher à utiliser des technologies d’imagerie (rayons X ou scanners à ultrasons) pour que les médecins puissent visualiser la position de ces nanorobots dans le corps humain.