Un blogueur russe en prison pour avoir joué à Pokémon Go dans une église
En Russie, il ne fait pas bon chasser des Pokémon dans une église. Un tribunal a en effet a ordonné le 28 octobre 2016 l'incarcération pour trois mois d'un jeune blogueur russe auteur d'une vidéo dans laquelle il se livrait à cette activité, a indiqué l'agence RIA Novosti.
En août dernier, Rouslan Sokolovski, ulcéré par une émission télévisée expliquant qu'il était juridiquement risqué de jouer à Pokémon Go dans une église, avait choisi de s'y essayer dans la cathédrale d'Iekaterinbourg.
Il s'y était filmé attrapant plusieurs créatures virtuelles, avec en bande-son une musique reprenant une fausse prière ponctuée de jurons, avant de sortir de l'église, disant regretter "n'avoir pu attraper le Pokémon le plus rare de tous: Jésus". Publiée le 11 août sur YouTube, la vidéo était devenue virale: elle a été vue près de 1,5 million de fois. L'influente Eglise orthodoxe russe l'avait accusé de blasphème.
Le tribunal d'Iekaterinbourg (Oural) a décidé que le blogueur de 22 ans, qui n'avait pas respecté son assignation à résidence après son arrestation, devait être emprisonné dans l'attente de son procès, où il encourt jusqu'à cinq ans de prison pour appel à la haine et atteinte à la liberté religieuse.
Selon son avocat Alexei Bushmakov, cité par RIA Novosti, le tribunal a ordonné son emprisonnement à la demande des enquêteurs parce que sa petite amie lui avait rendu visite le jour de son anniversaire.
La loi controversée en vertu de laquelle il a été arrêté et inculpé avait été votée en réponse à la performance du groupe punk Pussy Riot en 2012 dans une église de Moscou. Deux membres du groupe avaient été condamnés à deux ans de prison pour hooliganisme.
Un jeu souvent critiqué
La décision d'incarcérer le jeune homme a été critiquée vendredi par Mikhail Fedotov, chef du Conseil présidentiel des droits de l'homme: "Il ne méritait absolument pas d'être détenu", a-t-il déclaré la radio Echo de Moscou. "L'incarcération est une mesure exceptionnelle", a-t-il expliqué, demandant la clôture de l'affaire en raison de son caractère "trivial".
Amnesty International a appelé la Russie à relâcher immédiatement le blogueur, jugeant "grotesques" les accusations pesant contre lui.
L’église orthodoxe russe n’est pas la seule à vouer le jeu aux 500 millions de téléchargements aux gémonies. Cet été, un évêque italien a même été jusqu’à comparer Pokémon Go à "un système totalitaire proche du nazisme"… Le jeu a aussi des détracteurs aux Etats-Unis : une association promouvant les "valeurs traditionnelles" a lancé une pétition contre Pokémon Go expliquant combien ce jeu est une "distraction dangereuse pour les enfants et les jeunes adultes" qui a recueilli plus de 760.000 signatures.