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Smart city: à quoi ressemblera la ville du futur?

Vue de Singapour.

Vue de Singapour. - ROSLAN RAHMAN / AFP

Demain, nos rues regorgeront de capteurs nichés dans le mobilier urbain, la vidéo-surveillance intelligente sera omniprésente et des interfaces centralisées permettront au maire de tout piloter à distance.

En 2050, 70% de la population mondiale vivra en ville, selon des prévisions de la Banque mondiale. C’est pour répondre à ce défi qu’a été développé le concept utopique de la smart city, une ville qui réussit à absorber davantage d’habitants tout en devenant plus propre, plus économe et plus harmonieuse grâce à une utilisation accrue des nouvelles technologies. Le Salon Smart City Expo, qui existe depuis 2011, présentait les dernières innovations dans ce domaine du 15 au 17 novembre à Barcelone. Nous y étions.

Des poubelles intelligentes

Les poubelles intelligentes sont munies de puces.
Les poubelles intelligentes sont munies de puces. © 01net.com

La grande tendance à Barcelone cette année, c’était les poubelles intelligentes que l’on trouve partout dans les allées du salon. "On place des puces dans les bacs pour les identifier et quand le contenu de ces derniers est déversé dans les bennes, le chariot élévateur du camion les pèse par catégorie", nous explique Marcel Feitsma, directeur du produit de la société hollandaise Terberg Rosroca qui développe cette solution baptisée OmniDel. Si votre immeuble présente un poids anormalement élevé de détritus non triés, cela signifie que les habitants n’ont pas respecté les consignes de recyclage. Grâce à un modem qui équipe le véhicule, les informations sont aussitôt transmises aux autorités locales qui verbalisent les contrevenants. Le tout est entièrement électrique et sans nuisance sonore, comme nous avons pu le constater.

Un mobilier urbain connecté

Les réverbères connectés de la société Benito.
Les réverbères connectés de la société Benito. © 01net.com

Les capteurs envahissent aussi tout le mobilier urbain. La start-up espagnole Benito a ainsi conçu une grande variété de bancs publics et surtout de réverbères connectés, configurés à la carte suivant les besoins des municipalités. Le système s’appelle "Smart sense". "On peut choisir, par exemple, d’y placer des capteurs de mouvement pour prévoir la circulation des piétons comme des voitures, de bruit pour détecter une rixe, ou encore de CO2 pour avertir la population d’un pic de pollution", nous confie Juan Catafal, le responsable produit de Benito.

Le dispositif peut enfin être configuré de manière à agir automatiquement en baissant ou en élevant l’intensité de la lumière. Il est même capable de créer de la lumière à la demande en fonction de la trajectoire et de la vitesse d’une personne ou du véhicule détecté. En prime, il permet d’économiser de l’énergie avec ses capteurs de lumière qui déclenche l’allumage des réverbères et règle leur intensité en fonction de la luminosité du ciel.

La vidéosurveillance intelligente omniprésente

Les caméras de vidéosurveillance intelligente d'Axis Communications.
Les caméras de vidéosurveillance intelligente d'Axis Communications. © 01net.com

Les habitants des villes vont devoir s’habituer à être filmés. Mais pas seulement. Leur comportement et leurs déplacements seront désormais scrutés à la loupe avec l’émergence de la vidéosurveillance intelligente qui permet d’analyser les images et le son capturés par des caméras et d’en tirer des informations en temps réel.
De gros progrès matériels ont été faits récemment dans ce domaine. La société Axis Communications, par exemple, va présenter en janvier prochain une caméra de 30 Mpixels avec un processeur quadricoeur. Il faut dire qu’elle a été rachetée par Canon et bénéficie à ce titre de ses objectifs. "La montée en gamme de la définition permet d’utiliser moins de caméras pour couvrir le même champ car elles disposent chacune d’une plus grande ouverture", avance Philippe Benard, responsable du business development en France.
Elles sont en outre livrées avec un catalogue de plus de 80 applications intelligentes. Beaucoup servent tout simplement à compter: les gens dans une file d’attente comme c’est déjà le cas dans les aéroports parisiens à la douane, ou encore les voitures sur une artère pour prévenir la congestion du trafic dans des villes comme Besançon ou Nogent-sur-Marne. A la municipalité de déterminer les indicateurs qu’elle souhaite pour déclencher une alerte automatique.

La reconnaissance faciale à la volée

Baha Ersin de la société Herta.
Baha Ersin de la société Herta. © 01net.com

Mais le plus impressionnant, et le plus intrusif pour la population, ce sont les avancées en matière de reconnaissance faciale. Terminés les systèmes de vidéosurveillance où il fallait que le passant présente son visage face caméra pour être identifié. Désormais, cela se fait à la volée. Le système compare tous les visages avec ceux de sa base de données et affiche ensuite une probabilité d’identification.
La société Herta a développé ce type de logiciel avec des algorithmes de deep learning. "Actuellement, nos softs sont utilisés dans des casinos comme celui de Madrid pour refouler les personnes inscrites sur les black-lists. Mais avec le terrorisme, de plus en plus de municipalités comme Nice sont désireuses de tester notre solution pour assurer la sécurité d’événements", souligne Baha Ersin, directeur des opérations chez Herta.

Le maire pilotera sa ville avec un dashboard

Les premières interfaces de centralisation des informations sur la ville font également leur apparition. C’est le cas de City Top, développé par Thalès. "C’est un peu comme le premier dashboard du maire", avance Jean-Yves Plu, directeur du segment de sécurité chez Thalès. "Nous regroupons au même endroit et en temps réel toutes les données recueillies par différents services. Comme la météo, le trafic, la pollution sonore et de l’air, la consommation d’énergie, la qualité de l’eau, les vols et agressions, l’état des transports en commun, les articles de presse, les flux des caméras de vidéosurveillance, etc… ".

Le City Top de Thalès.
Le City Top de Thalès. © 01net.com

A l’élu de déterminer à partir de quel seuil chaque information déclenche une alerte. Afin de prévenir embouteillages et mouvements de foule, par exemple. Et prendre aussitôt des décisions avant que les les usagers ne subissent une dégradation des services. L’autre intérêt serait de pouvoir aussi à terme diffuser ces informations aux habitants, sur des panneaux à messages variables ou via des notifications sur des applications mobiles. Pour remettre les citoyens au coeur de la smart city.