Tech&Co
Vie numérique

Pourquoi la fermeture de Zone Téléchargement ne fera pas baisser le piratage

-

- - CC, Flickr (Nico Paix)

La gendarmerie a annoncé la fermeture du premier site de téléchargement illégal francophone. Mais d’autres devraient rapidement prendre le relais.

Mise à jour du 29/11/2016 à 16:40 : quelques heures après sa fermeture, le site Zone Téléchargement est de nouveau accessible. Néanmoins, aucun contenu n'est disponible dans la mesure où les liens ne sont plus fonctionnels. 

Article original

Pour des millions d’internautes, la fermeture du site Zone Téléchargement par la gendarmerie nationale est un coup dur. Depuis hier, le plus grand portail francophone de téléchargement illégal de films et séries n’est plus accessible. Selon l’AFP, sept personnes ont été interpellées et trois sont placées en garde à vue. Mais l’annonce ne devrait avoir que des conséquences très limitées sur la lutte contre le piratage en ligne.

Sur les cendres de Megaupload

Avec 3,7 millions de visiteurs par mois, Zone Téléchargement était un poids lourd du monde du piratage. Jusqu’à hier, le site était d’ailleurs à la onzième place du classement des sites les plus visités en France. Un succès qui s’explique par un autre chiffre, cette fois fourni par l’ALPA, organisme de défense de la propriété intellectuelle. Dans l’Hexagone, 30% des internautes consultent un site de téléchargement illégal au moins une fois par mois. Parmi eux, environ un tiers privilégie le streaming, un tiers le peer-to-peer - l’usage combattu par Hadopi - et un tiers le téléchargement direct.

Le succès de cette dernière méthode s’explique avant tout par sa simplicité (aucun logiciel ou service annexe n’est nécessaire) et par la qualité des fichiers disponibles. Créé en 2011, Zone Téléchargement a notamment profité de la chute de Megaupload, du site de Kim Dotcom pour se faire une place et rencontrer le succès. Et c’est pour cette raison qu’il pourrait lui-même laisser la place à de nouveaux acteurs.

-
- © BFMTV.com

Une offre légale insuffisante

Sur le Web, rien ne se perd, tout se transforme. Cette phrase pourrait résumer la situation du monde du téléchargement illégal depuis le début des années 2000 et la fin de Napster. Qu’il s’agisse de musique ou de films et séries, chaque site fermé a laissé la place à de nouveaux services. Quand bien même l’équipe de Zone Téléchargement n’aurait pas prévu de sauvegarde des serveurs en vue d’une réouverture - ce qui n’est pas à exclure, un successeur ne devrait pas tarder à prendre le relais. Sur Twitter comme sur Google, le terme "alternative" est le plus souvent associé au nom du site défunt.

Depuis quelques années, certaines offres légales ont pourtant réussi à trouver leur public. Spotify cumule 40 millions d’abonnés payants, contre 15 millions pour Apple Music. Mais du côté du cinéma, le constat est différent. Le géant Netflix totalise plus de 80 millions d’abonnés dans le monde, dont plus de la moitié aux Etats-Unis.

En France, les services de vidéo à la demande par abonnement ne décollent pas. Netflix - qui refuse de communiquer ses chiffres - peinerait à recruter et Canalplay dégringole. Si les tarifs sont attractifs, l’offre cinématographique est bien maigre. La loi interdit la diffusion de films de moins de trois ans par ce type de canaux. Une durée qui est aujourd’hui de plus en plus difficile à justifier... et qui devrait assurer la pérennité des sites illégaux.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co