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“Petite fille au napalm” : Mark Zuckerberg accusé de censure

Mark Zuckerberg, PDG de Facebook

Mark Zuckerberg, PDG de Facebook - Chandan Khanna / AFP

Un quotidien norvégien regrette la suppression de la célèbre photographie de guerre par le réseau social.

La ligne éditoriale de Facebook est une nouvelle fois critiquée. Aftenposten, l’un des principaux journaux norvégiens, vient de publier une lettre ouverte à Mark Zuckerberg, fondateur et PDG du réseau social. L’Américain est accusé de censure, après que Tom Egeland, auteur norvégien, a été banni du site pendant 24 heures. Son tort est d’avoir mis en ligne la célèbre photo intitulée The Terror of War (La Terreur de la Guerre), prise par Nick Ut en 1973 lors de la guerre du Viêt Nam. Le cliché lui avait valu le prix Pulitzer de la photographie d'actualité.

La publication supprimée par Facebook
La publication supprimée par Facebook © Aftenposten

"L'éditeur le plus puissant au monde"

Sur l’image, des enfants vietnamiens touchés par les bombardements au napalm de l’armée sud-vietnamienne - alliée des Etats-Unis pendant le conflit - fuient en hurlant. Parmi eux, Kim Phuc, alors âgée de 9 ans et dont les vêtements ont été brûlés. Considérant l’image comme non conforme à ses “standards de la communauté”, Facebook a temporairement désactivé le profil d’Egeland. L’homme a par la suite publié un long message critiquant la politique de censure du site.

Rapidement, l’Aftenposten a publié un article à son sujet, lui-même illustré par l’image de “la petite fille au napalm” et publié sur la page Facebook du quotidien. Le journal explique avoir reçu un avertissement de la part des équipes du site, lui demandant de retirer ou flouter l’image et rappelant que “toute image représentant des organes génitaux, des fesses ou une poitrine féminine sera supprimée”. Facebook n’a pas attendu de réponse pour mettre ses menaces à exécution puisque la publication du média norvégien a aussitôt été supprimée.

Dans la lettre adressée à Zuckerberg, l’Aftenposten regrette l’incapacité du réseau social à distinguer ce qui relève de la pornographie infantile et d’une photographie de guerre. Espen Egil Hansen, rédacteur en chef du média, accuse celui qu’il considère comme “l’éditeur le plus puissant au monde” d’abus de pouvoir. “Je m’inquiète de voir le premier média du monde mettre un frein à la liberté plutôt que d’essayer de la promouvoir. C’est ce qui arrive parfois sous un régime autoritaire” ajoute-t-il.

L'impartialité de Facebook remise en cause

Ce n’est pas la première fois que Facebook est accusé de censure, notamment concernant la nudité féminine. A plusieurs reprises, le tableau L’Origine du monde de Courbet - représentant un sexe de femme - avait été supprimé, au même titre que de nombreuses œuvres représentant des corps féminins. Sur le site, il est cependant rappelé que certaines photos comme celles “de femmes qui défendent activement l’allaitement ou qui montrent les cicatrices post-mastectomie de leur poitrine” sont autorisées.

Espen Egil Hansen pointe aussi du doigt la tendance de Facebook à orienter ce que verront ses utilisateurs. Il rappelle que “même pour un média comme Aftenposten, il est difficile de se passer de Facebook”, évoquant l’influence croissante du réseau social sur les contenus, avec l’arrivée de technologies comme Instant Articles. En mai dernier, il était également accusé de trier les informations visibles par les membres pour privilégier certains partis politiques.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co