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Le rapport du Congrès qui accuse Snowden

Edward Snowden - Image d'illustration

Edward Snowden - Image d'illustration - Gage Skidmore

Après deux ans d’enquête (à charge), le Congrès estime dans un rapport que le lanceur d’alerte a causé les plus grands dégâts de toute l’histoire du renseignement américain en volant des millions de documents classifiés.

Un traître à sa Nation pire qu'un terroriste qui espionnait ses collègues et entretenait des rapports difficiles avec ses supérieurs. Voilà le portrait odieux que le Congrès dresse d’Edward Snowden dans un rapport qui ressemble plus à de l'acharnement qu'à une vraie enquête. Le résultat de deux ans de travail, de centaines de documents épluchés et de dizaines d’entretiens. Les élus américains sont même allés jusqu’à visiter les anciens lieux d’habitation du lanceur d’alerte à Hawaï !

Les auteurs semblent ne pas trouver de mot assez dur pour conspuer l’ancien informaticien de la NSA qui a volé 1,5 millions de documents classifiés et a révélé l’existence du programme de surveillance de masse PRISM en 2013. Il vit depuis retranché à Moscou pour échapper à un procès dans son pays qui le mènerait à coup sûr en prison jusqu'à la fin de sa vie.

Snowden ferait courir de graves dangers à son pays

"Snowden a causé des d’énormes dégâts à la sécurité nationale et la grande majorité des documents qu’il a volé n’avait rien à voir avec des programmes ayant une incidence sur la vie privée des utilisateurs. Ils concernaient plutôt des programmes militaires, de défense ou du renseignement avec un grand intérêt pour les adversaires de l’Amérique", peut-on lire dans le rapport. L'informaticien aurait aussi révélé des secrets qui protégeaient les troupes américaines à l’étranger et constituaient des défenses vitales contre les terroristes. Le gouvernement américain aurait également dépensé des centaines de millions de dollars pour essayer de réparer les dommages.

Le rapport spécifie, en outre, que plusieurs pays dont la Chine, l'Iran et la Corée du Nord sont susceptibles d'avoir acquis à cause de lui des connaissances accrues sur les capacités de sécurité des États-Unis.

Le lanceur d'alerte décrit comme un mythomane

Le Congrès, qui n'a pas peur du ridicule, conteste le fait que Snowden ait tenté d’avertir sa hiérarchie avant de divulguer ses informations ce qui prouve qu’il ne peut prétendre au statut de lanceur d’alerte. Pourtant, des journalistes de Vice avaient prouvé le contraire au mois de juin dernier à la lecture de certains documents de la NSA dont ils avaient obtenu la déclassification.

Enfin, le texte accuse le jeune homme d’être un mythomane. Il aurait ainsi menti sur ses qualifications, son état de santé, son expérience et aurait même triché à des tests pour évoluer professionnellement à la NSA.

Edward Snowden n'a pas tardé à réagir, outré, en démontant point par point tout cet argumentaire sur Twitter comme on peut le voir dans ce post :

Même si ce rapport est d'une évidente mauvaise foi, il tombe mal au moment où une grande campagne est lancée par Amnesty International et l'American Civil Liberties Union pour réclamer le pardon d'Obama pour Snowden.

Amélie Charnay