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Le FBI recrute-t-il des indics dans les sociétés d’assistance informatique ?

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- - FBI (domaine public)

Le service fédéral aurait versé de l’argent à des techniciens de la société Geek Squad pour avoir dénoncé des clients possédant des images à caractère pédopornographique sur leur ordinateur.

En France comme aux Etats-Unis, tout citoyen est tenu de dénoncer un crime ou des mauvais traitements infligées à des personnes vulnérables. Il semblerait que le FBI ait largement abusé de ce devoir de signalement en allant jusqu’à rétribuer des techniciens travaillant au sein de la société d’assistance informatique Geek Squad... parce qu’ils avaient débusqué des contenus équivoques dans le disque dur des ordinateurs de leurs clients.

C’est le Washington Post qui a révélé l’affaire, affirmant même que huit salariés auraient été rémunérés pour leurs services sur une période d’au moins quatre ans. Une pratique découverte à l’occasion du procès d’un médecin californien qui a fait l’objet d’une enquête, puis d’une poursuite judiciaire pour avoir possédé la photo d’une fillette nue sur son ordinateur en 2011. Une dénonciation qui a permis ensuite de procéder à l’inspection du smartphone du médecin où 800 autres photos de même type ont été récupérées.

Pour les avocats de la défense, la procédure était illégale. D’une part parce que la présence de cette image seule ne suffisait pas à engager une enquête, d’autre part parce qu’elle reposait sur la dénonciation d’un technicien de Geek Squad semblant être un collaborateur actif et rémunéré du service d’investigation. 

Le FBI a versé 500 dollars au technicien

Des documents, pris en compte aujourd’hui par la justice, prouveraient qu’il était en contact depuis plusieurs années avec le FBI, qu’il avait déjà été nommé dans une affaire similaire en 2009, et qu’il aurait contacté le FBI une douzaine de fois pour des sujets identiques entre 2010 et 2011. Enfin, il aurait touché au moins une fois 500 dollars pour sa dénonciation.

En conséquence, le juge chargé de l’affaire se pose aujourd’hui la question de savoir si les techniciens de Geek Squad, qualifiés de « sources » dans les rapports du FBI, ne constituaient pas de véritables indicateurs payés pour trouver des contenus répréhensibles. Le groupe de matériel informatique Best Buy, qui possède Geek Squad, affirme bien évidemment le contraire : son employé n'aurait pas cherché intentionnellement d’image pédopornographique et l’aurait découverte par hasard dans le cas du docteur californien. La justice devra trancher.

Aux Etats-Unis, Geek Squad est l’une des plus sociétés les plus populaires en matière d’assistance informatique. Savoir que le matériel de chacun peut être fouillé à la demande du FBI devrait passablement écorner la confiance de ses clients.

Amélie Charnay