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La Russie interdit deux sites pornos pour relancer... la natalité

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En interdisant deux sites pornos majeurs, la Russie veut mettre en avant la morale et espère ainsi voir ses courbes démographiques repartir à la hausse.

En Russie, on ne badine pas avec la morale. En tout cas sur Internet. Le service fédéral en charge de la supervision des communications, des technologies de l'information et des médias de masse, ou Roskomnadzor, a bloqué l’accès à deux des plus grands sites pornographiques mondiaux, Pornhub et Youporn, entraînant la colère de nombre d’internautes et des réponses amusées.

Ce blocage a été décidé après que deux tribunaux différents ont déclaré que "ces sites Web répandaient la pornographie". Et si les contenus sexuellement explicites ne sont pas hors la loi en Russie, la législation interdit "la production illégale, la distribution et la promotion d’objets et de matériels pornographiques". Le blocage ne sera levé qu'après un changement total du catalogue de ces sites.

Ce type de blocage n’est pas inhabituel en Russie. Des milliers de sites en tous genres ont déjà été interdits par le passé, dont 11 sites pornos en 2015. A cette époque, le Roskomnadzor avait répondu sur Twitter à Lyolya, un internaute frustré, qu’il n’avait qu’à "essayer de trouver quelqu’un dans la vraie vie". Message que le service vient de retweeter en indiquant "aux amoureux d’Internet" que "le conseil est toujours valable"... Le même internaute s'est fait une obligation de demander si le Roskomnadzor n'avait pas plutôt quelque chose de nouveau à proposer.

Valeurs conservatrices contre libéralisation des moeurs

Il faut dire que la Russie n’a cessé de voir sa démographie chuter depuis le début des années 1990 et a même atteint son plus bas niveau en 2010. Après la chute de l’ère soviétique, la Russie a connu une certaine libéralisation des mœurs, contre laquelle Vladimir Poutine lutte énergiquement. Le président russe a en effet bâti sa carrière sur des valeurs conservatrices que le pays se doit de respecter.

Une position que ne partagent visiblement pas tous les Russes. L'un d'eux a ironisé sur Twitter et demandé sa copine en mariage : "J'ai toujours pensé que la fermeture de Youporn serait la goutte d'eau. Epouse moi !" Un autre écrit qu'il ne voit plus d'intérêt à utiliser Internet.

Même la chanteuse leader du groupe Pussy Riot, anti Poutine, y est allée de son couplet et a qualifié la décision du Roskomnadzor de "coup sous la ceinture".

De son côté, PornHub, très à l'aise dans ce genre de communication, a irrespectueusement demandé sur Twitter si le Roskomnadzor accepterait de lever l’interdiction du site contre un abonnement premium pour ses employés… Une saillie que l’agence a peu appréciée et à laquelle elle a répondu en indiquant que "la démographie n’était pas un produit de consommation".