Tech&Co
Vie numérique

La Caroline du Sud pourrait brider les ordinateurs pour bannir le porno

-

- - -

Un projet de loi propose d'inclure un filtre anti-porno dans tous les appareils connectés vendus en Caroline du Sud.

Signe des temps ou passade isolée ? Bill Chumley, membre de la Chambre des représentants de cet Etat, exige, dans un projet de loi, que soit mis en place un filtre anti-pornographie dans tous les ordinateurs vendus en Caroline du Sud.

Interrogé par un journal local, le représentant, particulièrement conservateur, a expliqué "qu’aujourd’hui tout le monde a accès à un ordinateur. Et le porno est accessible à la demande. Il faut commencer la lutte quelque part."

Ce texte, le "Human Trafficking Prevention Act", autrement dit loi pour la prévention de la traite d’êtres humains, exige que les fabricants ou les vendeurs installent un filtre pour empêcher les utilisateurs de consulter des contenus obscènes ou d’accéder à tout site facilitant la prostitution. Filtre qui devra aussi comporter un système permettant de signaler des contenus étant passé entre les mailles du filet. La loi s’appliquerait aussi bien aux ordinateurs qu’aux appareils mobiles capables de se connecter à Internet vendus en Caroline du Sud.

20 dollars pour pouvoir faire ce que l'on veut

La loi donne tout de même aux fabricants une échappatoire. Ils devront payer une somme de 20 dollars par machine pour ne pas installer ce logiciel. Idem pour les utilisateurs. Il leur faudra débourser 20 dollars, envoyer la demande par écrit, prouver qu’ils ont plus de 18 ans et accuser réception d’un avertissement écrit leur expliquant les dangers potentiels liés à la désactivation du filtre anti-porno avant de pouvoir s’en passer. L’argent collecté grâce à cette option ira financer une force de prévention contre le trafic d’êtres humains dirigée par le bureau du procureur général.

En plus de ne donner aucune explication sur la technique de filtrage employée, cette loi a en plus quelques failles. Elle ne dit notamment rien des appareils achetés en ligne ou hors de l’Etat. De plus, elle risque d’entrer en contradiction avec le premier amendement qui indique que le Congrès ne doit édicter aucune loi restreignant la liberté des citoyens américains.
Enfin, on imagine mal ce qui pourrait faire accepter une telle mesure de bridage à tous les constructeurs et vendeurs de PC, tablettes et autres appareils dotés d'une connexion Internet, qui plus est pour une zone déterminée.

Après avoir été soumise à une première chambre avant la trêve de Noël, le projet de loi de Bill Chumley sera au programme d’une des premières sessions de 2017.

Si jamais cette loi est votée, la Caroline du Sud rejoindrait le clan des anti-porno dans lequel on trouve les deux Corée, la Chine ou encore les pays du Maghreb où ce type de contenu est illégal. En Europe, il est mieux toléré, même si l'Islande l'a interdit en 2013 et que le Royaume-Uni a établi la même année le filtrage par défaut des contenus pornographiques par les FAI.