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Vie numérique

Jean-Frédéric Poisson veut "responsabiliser tous les acteurs du numérique"

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- - Eric Feferberg pool AFP

Pour le candidat à la primaire de la droite et du centre, Jean-Frédéric Poisson, le numérique doit être encadré afin qu'il ne devienne pas un danger.

Jean-Frédéric Poisson était certainement le candidat à l’élection présidentielle de 2017 le moins connu de tous. Agé de 53 ans, ce député de la 10e circonscription des Yvelines et ancien maire de Rambouillet est également président du parti chrétien-démocrate.

Suscitant beaucoup de curiosité, son nom s’est retrouvé en tête des sujets tendance sur Twitter et Google pendant le premier débat télévisé des primaires. Il a d'ailleurs mis en place dès le début de sa campagne une stratégie numérique susceptible de lui faire toucher des Français qui ne vont peu sur des médias traditionnels et qui s'informent d'autres voies, notamment le web et les réseaux sociaux plus militants.

"C’est un élément décisif pour nous, explique-t-il. On envoie trois newsletters par semaine. On dispose d'un page Facebook, d’un compte Twitter, de comptes YouTube et Dailymotion, où j’emploie un ton un peu plus léger - ce qui colle bien avec l’esprit du média."

Trois personnes s’occupent de sa campagne numérique à plein temps et il dispose de relais Twitter et Facebook sur tout le territoire. "Si je publie un message qui est retweeté 200 fois, je touche davantage de personnes que si je publiais une tribune sur la page Opinion du Figaro", ajoute-t-il.

S’il ne se définit pas comme un geek, Spotify, Le Bon Coin ou encore l’Ecole 42, ne lui sont pas des termes inconnus et Shazam est même la première appli qu’il télécharge lorsqu’il change de smartphone. Le sien est siglé d’une pomme comme tout son matériel. "Je suis équipé Apple pour une raison simple: on n’est pas obligé d’acheter des antivirus et de les mettre à jour pour être protégé des hackers et des virus, se justifie-t-il. Par ailleurs, le côté intuitif des interfaces Apple me convient bien."

Dans l’univers high-tech comme sur d’autres sujets, Jean-Frédéric Poisson a tenu des propos qui en ont surpris plus d’un. Il a ainsi déclaré qu’il fallait pouvoir censurer les médias, classiques ou numériques, qui se font le relais de la propagande de Daesh. "Mon propos n’est pas de dire « on ferme tout pour que plus rien ne passe » mais de solliciter la responsabilité de chacun, opérateur, moteur de recherche, réseau social, avec toutes les difficultés que cela comporte, dont je suis bien conscient. Si ces sites sont en France, on demandera aux opérateurs de les fermer. S’ils sont à l’étranger, on s’adressera aux moteurs de recherche pour qu’ils soient blacklistés."

Jean-Frédéric Poisson demande aussi aux réseaux sociaux d’avoir la même vigilance sur les contenus terroristes que sur les images de nudité, sans quoi ils devraient être passibles de sanctions. Que la célèbre photo d’un enfant nu victime de la guerre du Vietnam postée par un écrivain norvégien ait été censurée en quelques minutes alors que la vidéo du meurtre de Magnanville soit restée en ligne plusieurs heures a le don de l’ulcérer.

L’homme a également une position originale sur le piratage. Il n’a jamais cru à l’établissement d’une réponse administrative face à "une question [le piratage, NDLR] qui dépasse largement le cadre de l’administration". Aussi, il n’a pas voté la loi Hadopi, instituant la Haute Autorité de protection des droits sur Internet. Il aurait à l’inverse, explique-t-il, accepté qu’on lui demande de "payer son abonnement mensuel un euro de plus pour créer un fonds qui rémunèrerait les artistes afin que l’on puisse télécharger ce que l’on veut".

Beaucoup moins original, en revanche, il considère la couverture du territoire en téléphonie et en Internet, comme une mesure high-tech prioritaire. "Sur mon territoire [les Yvelines, NDLR], 23% de la population télécharge encore des photos en 512k, s’insurge-t-il. Il leur faut 25 minutes pour télécharger une photo de 10x13 cm. Et on n’est qu’à 50 kilomètres de Paris!" Une situation extrêmement pénalisante pour la France, appuie-t-il. "On ne va pas continuer à vivre comme dans un pays sous-développé." 

Le danger des Gafa

Il compte également responsabiliser les acteurs du numérique dans leurs comportements commerciaux. Et espère pousser la France et l’Europe à s'atteler à la construction d’un géant susceptible de rivaliser avec les Gafa [Google, Apple, Facebook et Amazon, NDLR]. 

"Il y a dans cette affaire des Gafa beaucoup plus que la facilitation des relations commerciales et des relations client-fournisseur, insiste le candidat. Il y a une stratégie de pompage des données personnelles, il y a des enjeux de sécurité individuelle, collective et pour les entreprises, il y a de l’espionnage, etc. Sans ce géant, nous allons finir par dépendre d’opérateurs américains qui pourront décider de manière unilatérale que les données dont ils ont la responsabilité en termes de préservation et de sauvegarde deviendront des enjeux commerciaux. Et ce jour-là il n’y aura plus de protection de la vie individuelle." Sombre perspective.

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Sa bourde "high-tech": avoir créé le hashtag #clashPoisson pour faire le buzz autour de son départ du plateau de France 3 en se plaignant de ne pas être traité à égalité avec les autres candidats.
Son coup d'éclat: avoir lancé sa vidéo hebdomadaire "Vendredi c'est Poisson" et des slogans comme "le 20 novembre, le Poisson c'est 2€".