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Comment Netflix s’est trouvé en ligne de mire des suprémacistes blancs

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La sortie prochaine d'une série sur un groupe d'étudiants afro-américains enflamme les réseaux sociaux de l'extrême-droite qui appelle au boycott. Un véritable festival de propos racistes et complotistes.

Une nouvelle polémique fait le buzz dans le pays de Donald Trump. La mise en ligne, il y a quelques jours, de la bande-annonce de la série Netflix "Dear White People" a provoqué la colère des partisans de l'extrême-droite américaine. Sur YouTube, ces derniers ont massivement voté contre cette vidéo (267.335 personnes ne l'aiment pas contre 25.335 qui l'aiment). Ils ont même lancé un appel au boycott de la plateforme SVoD, relayée sur Twitter sous le mot-clé #nonetflix. L'un des principaux meneurs de la fronde est Baked Alaska, qui compte 144.000 followers et se définit lui-même comme un "bon gars chrétien". Pour lui, cette nouvelle série - qui doit sortir en avril - serait clairement "anti-Blancs" et ferait la promotion d'un "génocide blanc", ni plus ni moins.

Netflix a annoncé la production de la série "Dear White People" en mai dernier, dans un communiqué de presse. Elle est basée sur le film éponyme qui est sorti en 2014 et qui a été primé, entre autres, au Sundance Film Festival. Pour créer cette adaptation sérielle, Netflix a d'ailleurs fait appel au même réalisateur, Justin Simien. L'histoire se veut satirique et raconte la vie d'un groupe d'étudiants afro-américains au Ivy League College, une université où les blancs sont majoritaires et "les tensions raciales souvent mises sous le tapis", souligne un communiqué de Netflix. La série est également "une histoire universelle sur la manière dont on se forge une identité", peut-on y lire. On est donc très loin d'une quelconque promotion du "génocide blanc".

Mais peu importe les faits. Les partisans d'extrême-droite font feu de tout bois pour maintenir la polémique à flot. Dans un autre tweet, Baked Alaska prend en ligne de mire Jack Moore, le scénariste de la série. "Après avoir déclaré qu'il n'y avait rien d'anti-blanc dans Dear White People, le scénariste de la série a littéralement twitté F*ck White people", écrit-il.

Ce tweet a immédiatement provoqué une logorrhée haineuse, où se mélangent des propos racistes, antisémites et complotistes. Mais contrairement à ce qu'essaye de propager la fachosphère, le tweet prétendument scandaleux de Jack Moore n'a rien à voir avec la série Dear White People. Il a été publié en novembre dernier, suite aux résultats de l'élection présidentielle américaine. Jack Moore, qui était un supporter d'Hillary Clinton, réagit ici à une analyse statistique qui montre que Donald Trump a bénéficié principalement des voix d'électeurs blancs.

De son côté, le réalisateur Justin Simien - qui est également pris pour cible sur les réseaux sociaux - prend l'affaire avec ironie. Il remercie ses détracteurs pour la visibilité qu'ils donnent au lancement de sa série. En effet, la bande-annonce totalise d'ores et déjà plus de 2 millions de vues sur YouTube.

Ce n'est pas la première fois que l'extrême-droite américaine et les suprémacistes blancs tentent d'allumer le feu sur les réseaux sociaux. Début décembre, ils avaient appelé au boycott du film "Star Wars: Rogue One", dont l'histoire était jugée trop "multiculturaliste et antiaméricaine", voire "anti-Trump". L'idée du "génocide blanc" avait également émergé à cette occasion. Mais l'action, relayée sous le mot-clé #dumpstarwars, n'a produit aucun effet. Rogue One a engrangé plus de 300 millions de dollars au box-office américain. Il est probable que la campagne "NoNetflix" aura le même destin.