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Vie numérique

Comment IBM voit notre vie dans 5 ans

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La société informatique livre ses prédictions sur les innovations qui vont changer notre façon de travailler, de vivre et d’interagir à court terme.

C’est une tradition, IBM établit chaque année son palmarès des innovations les plus prometteuses. Un classement constitué à partir des informations glanées dans chacun de ses laboratoires dans le monde et nourri des grandes tendances sociétales et marketing. Le thème pour cette édition 2017? "Rendre visible l’invisible".

Notre état de santé sera décrypté à partir de notre langage

Pour IBM, notre langage produit involontairement quantité d’informations inexploitées. La société imagine qu’il sera bientôt possible de passer au crible tout ce que nous disons et écrivons via nos terminaux mobiles pour prédire l’évolution de notre santé. Des algorithmes de machine learning et des logiciels de traitement naturel du langage se chargeront d’analyser les motifs récurrents et d’en tirer des modèles. Il ne restera alors plus qu’à les comparer à ceux de la maladie d’Alzheimer ou de Parkison, par exemple. L’idée étant bien évidemment de prendre plus tôt en charge ces pathologies, afin de les freiner et même de les stopper. Avec à la clef une belle économie pour les systèmes de santé.

IBM aurait déjà obtenu des résultats dans cette perspective : ses scientifiques collaborent avec des psychiatriques pour anticiper et surveiller la psychose, la schizophrénie, la manie et la dépression. Aujourd'hui, il ne faudrait que 300 mots prononcés par un patient pour aider les cliniciens à prédire la probabilité d’une psychose.

Des caméras pour voir comme des super-héros

Plus de 99.9% du spectre électromagnétique ne peut aujourd’hui être observé à l'œil nu. Certes, nos scientifiques disposent d’instruments qui émettent et détectent de l'énergie sur différentes longueurs d'onde, permettant ainsi de prendre des images médicales de l’intérieur de notre corps, de vérifier le contenu de nos sacs à l'aéroport, ou encore d’aider un avion à atterrir dans le brouillard. Mais ces dispositifs sont coûteux et ne perçoivent qu’une partie du spectre électromagnétique.

De nouvelles caméras devraient faire leur apparition d’ici cinq ans, combinant ces mêmes dispositifs d'imagerie avec de l’intelligence artificielle. Encore mieux, elles seront portables et accessibles financièrement, aidant les automobilistes à voir à travers une pluie dense ou à détecter un cerf qui traverse la route par exemple. Intégrées directement dans nos portables, elles photographieront notre nourriture pour l’analyser. Des caméras qui pourront aussi vérifier la composition d'un médicament ou l'authenticité d’un billet de banque. Les scientifiques d'IBM travaillent actuellement à une plate-forme d’imagerie pour développer des appareils et des applications dans ce sens.

Les objets connectés nous aideront à ausculter le monde

IBM estime qu’un chercheur passe 80% de son temps à trier ses données au lieu de les analyser et de comprendre ce qu’elles peuvent dire. Si nous parvenions à comprendre comment les gens, les lieux et les choses sont connectés nous pourrions éviter de nombreuses crises comme les pénuries alimentaires, par exemple. Il suffirait pour cela de combiner des informations géospatiales comme le climat ou l’état du sol avec les conditions sociales et politiques d’un pays.

Grâce à l'Internet des Objets (Internet of Things ou IoT), nous disposerons de nouvelles sources de données provenant aussi bien de réfrigérateurs, d’ampoules que de capteurs à distance tels que des drones, des caméras, des stations météorologiques, des satellites ou encore des réseaux de télescopes.

IBM appelle donc de ses vœux l’invention de "macroscopes". Pas un instrument matériel mais des outils informatiques permettant de rassembler toutes les données complexes de la Terre et d’en analyser le sens. La société a choisi de commencer par se pencher depuis 2012 sur l’agriculture au domaine viticole de Gallo Winery en Californie. Ses ingénieurs ont intégré les données d'irrigation, du sol et de la météo avec des images satellites et d'autres données de capteurs. Ce qui a permis de prédire la quantité d'irrigation précise pour un rendement et une qualité de raisin optimaux.

Des nano labos pour scanner l’intérieur de notre corps

La détection précoce des maladies est cruciale. Mais certaines d'entre elles, comme le cancer, sont difficiles à identifier avant que n'apparaissent les premiers symptômes. La solution serait de pouvoir extraire des informations à partir de bio-particules nichés dans nos fluides corporels (salive, larmes, sang, urine, sueur). Mais ces bio-particules sont des milliers de fois plus petites que le diamètre d'un brin de cheveu humain.

IBM travaille sur des nano puces, de véritables laboratoires médicaux miniatures, capables d'explorer et étudier nos céllules. Une seule puce en silicium pourrait être suffisante pour prélever des indices de maladie dans nos fluides. Le tout, sans intervention intrusive sur les patients. Les informations seraient complétées par les données fournies par des objets connectés comme des trackers ou des montres intelligentes. Les chercheurs de la société sont déjà parvenus à isoler des bio-particules jusqu'à 20 nanomètres de diamètre.

Des capteurs intelligents pour détecter la pollution masquée

La pollution n’est pas toujours visible à l’œil nu. Le méthane, par exemple, est susceptible de fuir dans l'air et ainsi de réchauffer l'atmosphère de la Terre. L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) estime que plus de neuf millions de tonnes métriques de méthane se sont ainsi échappés en 2014.

Dans cinq ans, de nouvelles technologies de détection pourraient être déployées à proximité des puits d'extraction de gaz naturel, autour des installations de stockage et le long des pipelines de distribution.

L'axe de recherche d'IBM est la photonique au silicium, une technologie évolutive qui transfère les données par la lumière, permettant de calculer littéralement à la vitesse de la lumière. Des puces pourraient être intégrées dans un réseau de capteurs au sol ou dans l'infrastructure, voire être embarquées sur des drones autonomes. Combinées à d'autres données, les informations ainsi obtenues pourraient être utilisées pour repérer l'origine et la quantité de polluants en temps réel.

Amélie Charnay